Malmenée pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy, l’institution militaire vient de recevoir un chaleureux soutien de la part de Christine Boutin lors du salon Milipol. L’armée pourrait en effet jouer un grand rôle lors de l’élection présidentielle de 2012, même si elle n’est pas une priorité pour tous les candidats.
Ils ne l’admettront jamais, mais les militaires sont sensibles aux signes de soutien de la part de la classe politique et le moins que l’on puisse dire, c’est que Nicolas Sarkozy leur a mené la vie dure au début de son quinquennat.
En effet, le mandat de Nicolas Sarkozy a débuté par une profonde fracture entre le président et les militaires. Tout d’abord, dès son élection, il a souhaité mettre un terme à la mixité gendarmes-policiers au sein du Groupe de Sécurité de la présidence de la République afin de privilégier uniquement les policiers. Ce geste qui peut sembler anodin montrait cependant aux gendarmes et aux militaires que Nicolas Sarkozy se sentait bien plus proches des policiers grâce à son long passage au ministère de l’Intérieur.
La fracture s’est révélée bien plus importante encore lors du drame de Carcassonne en juin 2008. Lors d’une journée portes ouvertes au 3ème RPIMa de Carcassonne, un militaire avait ouvert le feu par erreur de manipulation de son arme, faisant 17 blessés. Commentant le drame, Nicolas Sarkozy avait eu des mots très durs et avait qualifié les militaires d' »amateurs », un propos qui visait tout particulièrement le chef d’état-major de l’armée de terre, le général Cuche, qui avait ensuite démissionné.
L’armée a également subi une baisse drastique de ses effectifs et une réforme arbitraire de la carte militaire pendant le passage de l’ancien ministre de la Défense Hervé Morin à l’Hôtel de Brienne.
La fin du quinquennat de Nicolas Sarkozy marque cependant un regain d’intérêt du présent envers l’institution militaire, grâce aux opérations en Côte d’Ivoire et en Libye.
Toutefois, à droite comme à gauche, nombreux sont ceux qui souhaitent une autre politique militaire en France.
Au Parti Socialiste, François Hollande considère par exemple qu’aucune disposition de la Loi de Programmation Militaire, ni de son rapport annexé, ne donne lieu à un projet de grande envergure que l’Europe pourrait porter et propose ainsi de réfléchir à une fusion des deux armées conventionnelles terrestres, française et allemande, afin de relancer l’Europe de la défense. De nombreuses personnalités outre-Rhin sont favorables à un tel projet qui apparaît cependant difficilement réalisable à court-terme, car il nécessite des règles d’engagement identiques, des états-majors communs, des matériels (le système Felin par exemple) compatibles.
Au sein de la droite non sarkozyste, Christine Boutin, présidente du Parti Chrétien-Démocrate, propose de redorer le blason de l’institution militaire et estime que la société toute entière devrait s’inspirer des valeurs de l’armée. Fille d’un cadet de Saumur, la candidate à l’élection présidentielle, en visite au salon Milipol, a appellé la France à reconnaître véritablement le sacrifice des soldats, notamment ceux qui sont engagés en Afghanistan et souhaite que l’excellence et le sens de l’engagement des armées serve d’exemple à tous les français.
On le voit, les candidats à l’élection présidentielle cherchent à montrer leur intérêt envers les questions militaires. En temps de crise, l’institution reste une valeur sûre fédérant la population, on le voit avec le quasi-consensus régnant autour de l’encadrement militaire des jeunes délinquants. Bien sûr, l’emploi et l’économie devraient être les sujets principaux de l’élection présidentielle, cependant on peut parier que les questions de défense devraient jouer un rôle particulièrement important.