Nous arrivons doucement mais sûrement au terme d’une période dite de « grand froid », et aujourd’hui encore les journaux télévisés des principales chaînes terrestres jugent intéressant de consacrer leur temps d’antenne à ce sujet, avec lequel les français se sont bien faits rabâcher les oreilles depuis la chute de température annuelle, survenue il y a un peu plus de deux semaines.
Qu’on nous signale qu’il a neigé en Corse – chose qui n’était pas arrivée depuis vingt ans – passe encore, mais pour le reste la désuétude de cette info en indigne plus d’un. Eh oui car, grande nouvelle : il fait froid en hiver ! Ça grelotte, ça oui ! Et tous nos membres de se raidir, de se tasser sous l’effet de ce phénomène météorologique. On comprend que ça en étonne certains – cela faisait tout de même un an que ça n’était pas arrivé !
Mais il faut tout de même dire que ce sujet n’éveille qu’un intérêt de très faible durée de vie chez les gens normaux – soit chez les gens tout court, tout le monde, sans exception. Voir le froid enchaîner de bonnes grosses unes, avec envoyés spéciaux – et parfois même hélicoptères mazette ! – fait sourire nos braves concitoyens, un jour. Le lendemain, voyant qu’on persiste à leur parler de ce sujet digne de conversations de concierge, de grand-mère ou de boulangère, les incitera à zapper de station de radio, de chaîne télé, de site d’information ou de page de journal ; à moins que ledit journal s’intitule « Gran’Froid Mag » et que les intéressés soient des météorologues spécialisés dans cet ennuyeux sujet. Le surlendemain, ça fera déjà trois jours, ils en auront assez – d’autant plus qu’ils seront bien forcés de l’admettre : il fait vraiment, vraiment très froid. Mais est-ce que ça caillerait pas moins si on arrêtait de se focaliser sur ce sujet ?
On pourra toujours objecter que la place médiatique occupée par le froid permet de mettre en valeur certains sujets d’importance, tels que la condition des sans abris. Correct. Mais est-il vraiment nécessaire d’attendre que ces malheureux soient au bord de la mort pour daigner en faire de la chair à presse ? Et si encore la question sociale pointait à chaque fois que les journalistes abordent le sujet du froid, mais non ! La semaine dernière, France 2 réalisait un reportage situé dans le Nord-Pas-de-Calais mettant en scène un bonhomme qui à la question – qui n’en est d’ailleurs pas une : « Le lac a gelé », répondait au journaliste qui lui parlait sur le ton de l’interrogation : « Oui, oui… Le lac a gelé… ».
Ce faisant, on a envie de dire stop. Stop ! Carton Rouge pour le grand froid ! Retour au vestiaire pour lui et tous ceux qui ne cessent de le relayer. Parce qu’on en oublie le nom de ce pays, là-bas… Mais si, tu sais bien ! Le PAYS là, où les manifestants se font tirer dessus à bout portant ? Oublié. Parce qu’on en oublie aussi de débattre en citoyens de certains projets de lois promettant de révolutionner – négativement – notre manière de profiter de l’une des seules sources de liberté de ce début de siècle (ça s’appelle internet). Lois que la plupart des pays européens vont se laisser imposer. Acta. À quoi lol ?