La Divine Comédie, œuvre majeure de la littérature italienne de la renaissance, considérée comme le texte fondateur de la langue italienne, est sous le coup d’une action qui vise à la faire censurer pour des propos islamophobes et antisémites. A l’origine de l’action Gherush92, une organisation de l’Onu.
Dante Alighieri aurait tenu, dans la première partie de la Divine Comédie à savoir l’« Enfer » qu’il visite avec son mentor Virgile, des propos qui dérangent aujourd’hui une association de défense des droits de l’homme.
Du coup, une grande polémique a explosé en Italie où le texte est au programme de toutes les écoles. Gherush92, dont la fondatrice, Valentina Sereni, est italienne, voudrait voir le livre censuré car il porterait atteinte aux droits de l’homme. Mais peut-on parler d’islamophobie et d’antisémitisme pour un texte du 14ème siècle dont la vocation est une apologie de la religion chrétienne ?
« Il faut signaler aux autorités compétentes, et même judiciaires, que l’œuvre présente des contenus offensifs et racistes qui doivent être approfondis et connus » s’exclame Valentina Sereni.
Certains passages sont en effet dirigés contre les figures de l’Islam comme Mahomet et le prophète Ali : les deux se retrouvent en enfer avec des peines grotesques comme le sont la plupart des peines dantesques. Mahomet est comparé à un fût de vin, offense double pour Mme Sereni vu que le vin est interdit par la religion islamique.
Dante a aussi des propos homophobes, ce qui s’explique par l’interdiction et la condamnation de la religion chrétienne concernant la sodomie. Pour Mme Sereni, Dante contribuerait « à diffuser de fausses accusations qui ont coûté des millions de vies au travers des siècles. »
La critique de Mme Sereni n’a pas tardé à faire s’indigner le monde académique italien. Giulio Feroni, professeur de littérature italienne à l’université de Rome, dénonce un totalitarisme culturel issu d’un « total manque de sens historique ».
Pour le professeur, les préjugés exprimés dans la Divine Comédie sont justifiés par son époque, son contexte. Ceci ne signifie pas que ce qu’il a dit soit vrai.
Censurer Dante reviendrait à censurer aussi presque l’intégralité des œuvres littéraires de l’époque. Torquato Tasso deviendrait un raciste, Boccaccio un homophobe.
Une polémique qui risque de faire beaucoup de bruit pour pas grand chose. Mais il est difficile de croire que l’on verra un jour une version de Dante « politiquement correcte » sur les bancs d’école en Italie.