Le 29 février dernier, un nouvel hebdomadaire naissait dans les rayons des kiosques à journaux français : 9 SEMAINES AVANT L’ELECTION, un papier de douze pages à la couverture sous-titrant : « LE JOURNAL QUI NE PARLE PAS DES CANDIDATS ».
L’idée est curieuse, originale : créer un hebdomadaire éphémère à l’occasion des élections présidentielles qui ne parlera d’aucun de ses inlassables candidats. Une initiative prise par des collaborateurs partageant l’impression de farce que leur renvoie le système politique français. Partant de ce point, les identités des dessinateurs, rédacteurs et pigistes du journal sont très divergentes.
En effet, le cynisme démocratique peut être partagé par des individualités diverses : du rouge convaincu au poète, au philosophe, au bon vivant, au dandy désabusé, au réactionnaire radical, à l’anarchiste et jusqu’au libre penseur. Au-delà de cette prise de position, on trouve chez ces subversifs de différents bords un même esprit d’humour, de facétie et de légèreté à même de rassurer tout individu allergique à la bien-pensance.
Une bonne nouvelle pour les nostalgiques du journal Hara-Kiri et de l’ancien Charlie-Hebdo.
Au programme toujours imprévisible de 9semaines, deux feuilletons réguliers, une collaboration occasionnelle de Sempé et d’autres dessinateurs aux noms moins fameux mais au coup de crayon tout aussi plaisant, des rubriques d’écrivains, de philosophes membrés – c’est-à-dire brutaux et directs, revanchards et prêts à en découdre avec une politique dépassée qu’ils exècrent, quelle que soit sa forme.
L’humour prédomine souvent dans leurs pages. Il est, selon les caractères, enfantin et optimiste, désabusé, jaune, satyrique et dans tous les cas pas toujours correct. Et si 9semaines ne parle pas des candidats, il ne s’interdit pas de parler, d’attaquer l’état moral, social et politique de la France — à grand jet d’acide.
Petite précision, cette force de subversion attaquant tout le monde, sans exception, elle ne sert aucun emblême, aucune tête et aucun parti, si ce n’est celui d’en rire et de foutre le bordel.
Le titre du journal changeant au fil des semaines – au troisième numéro, paru mercredi dernier, il s’intitulait « 7 semaines avant l’élection » –, s’en faire un lecteur habitué empêche ainsi tout sentiment de monotonie. Disponible dans la plupart des kiosques contre la somme de 2 euros 50.