Le prix Nobel pour la Littérature Günter Grass est au centre d’une polémique outre-Rhin suite à la publication d’un poème, lundi dernier. Dans ce poème, intitulé « Ce qui doit être dit », il s’attaque à Israël qu’il accuse de menacer la paix mondiale.
Les accusations d’antisémitisme ne se sont pas faites attendre. Le poème en prose publié dans le Munich Süddeutsche Zeitung dénonce un « prétendu droit à attaquer le premier ».
L’écrivain dénonce l’éventualité de frappes préventives israéliennes contre Téhéran après les soupçons de développement d’armement nucléaire. Dans le poème il affirme qu’un tel projet serait capable de mener à « l’éradication du peuple iranien ».
L’Allemagne y est accusée de devenir complice d’un « crime prévisible », notamment après le contrat de vente signé en 2005 entre Israël et l’Allemagne de sous-marins nucléaires de type Dolphin dont le sixième devrait être livré prochainement.
Le prix Nobel dénonce aussi un « silence généralisé » car celui qui le rompra verra tomber sur lui le verdict d’antisémitisme.
« Pourquoi ne dis-je que maintenant (…) que la puissance atomique d’Israël menace la paix mondiale déjà fragile ?
Parce qu’il faut dire ce qui pourrait être trop tard demain. »
Israël n’a pas tardé aussi à réagir : Ce qui doit être dit, c’est qu’il est de tradition européenne de blâmer les Juifs avant la Pâques juive » a commenté Emmanuel Nashon, numéro deux de l’ambassade d’Israël à Berlin, dans un communiqué.
Il continue : « [Israël est] le seul pays au monde remis en cause publiquement dans son droit d’exister. [Les israéliens] voulaient vivre en paix avec leurs voisins de la région ».
L’ensemble de la presse allemande a vivement commenté la publication et le message contenu dans ce poème.
Henryk Broder a jugé dans le quotidien conservateur Die Welt que « Grass [avait] toujours eu un problème avec les Juifs, mais il ne l’avait jamais aussi clairement exprimé que dans ce poème ». Pour lui, Günther Grass est « l’archétype de l’érudit antisémite ».
De son côté, l’hebdomadaire Der Spiegel commente : « Jamais dans l’histoire de la République fédérale, un intellectuel renommé ne s’en est pris avec autant de clichés à Israël ».
Sur internet, les réactions sont virulentes entre les défenseurs et les détracteurs de Günther Grass.
Rappelons qu’en 2006, Günther Grass avait avoué avoir fait partie des SS, bien que la plupart de ses œuvres, et notamment le livre « Le Tambour » soient résolument contre la guerre.