Il y a des touristes qui volent du corail dans les îles, il y a des touristes qui volent des fleurs protégées sur les montagnes et il y a des touristes qui volent… des crânes dans les catacombes de Paris.
Chacun ses goûts, n’est-ce pas ? Mais cette tendance-ci est quelque peu, comment dire… glauque ?
L’ossuaire des catacombes de Paris est pillé régulièrement, mais ce n’est pas un trésor qui est recherché par les profanateurs de tombes… ce sont les ossements eux-mêmes. Pour quoi faire, cela reste un mystère.
Lorsqu’on visite les galeries on peut remarquer des trous et des irrégularités dans les parois qui montrent les endroits où quelque chose a été arraché. Et à la sortie du musée, place Denfert-Rochereau, se trouve un petit tas de crânes déposés là, à la vue de tous, recouverts d’un pudique sac-poubelle. C’est le butin qui n’a pas réussi à s’enfuir :
« On en chope tout le temps, explique un cadre de la ville. Les visiteurs remontent avec un crâne dans leur sac. Les temps forts, ce sont les vacances d’été. Là, on en récupère plusieurs par semaine. Les pilleurs sont de tous âges et de toutes classes sociales. »
« Le grand classique, glisse René Dutrey, élu EELV du XIVe arrondissement et lui-même amateur des catacombes, c’est l’étudiant en médecine en phase de bizutage. »
« La plupart du temps, ce sont des adolescents, explique Danièle Pourtaud, adjointe au patrimoine. Les gardiens gèrent sur place. Ils sermonnent les jeunes et récupèrent les crânes. » Aucune plainte n’est jamais déposée à la police.
« A la répression nous préférons la prévention », insiste l’élue, pour qui, néanmoins, « il n’y a pas de petits vols. Ces crânes sont des éléments du patrimoine ».
