Belle entrée en la matière de la politique extérieure de François Hollande. Le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a invité son homologue français à visiter Ankara. Le signe d’un grand pas en avant dans le processus de réconciliation franco-turc.
En marge du sommet de Rio, le premier ministre turc Erdogan, a convié la semaine dernière, François Hollande, pour une visite officielle sur le sol turc. Cela faisait vingt ans qu’un président français n’avait pas été invité dans le cadre de sa fonction officielle. Le chef d’État français n’a pas manqué de souligner qu’un tel déplacement était un « privilège » en répondant à l’invitation par l’affirmative.
Ce rapprochement est en passe de faire oublier la période de tension traversée ces cinq dernières années. Nicolas Sarkozy, peu enclin à engager le dialogue avec la Turquie quant à son intégration dans l’Union Européenne, avait également crée la polémique avec sa proposition de loi sur le génocide arménien (jugée par la suite anticonstitutionnelle). Avec cette entente inédite, la réconciliation Paris – Ankara ouvre une nouvelle page.
Malgré tout, François Hollande reste prudent sur une éventuelle adhésion de la Turquie dans l’UE. Le gouvernement turc espère dynamiser les relations bilatérales, en procédant immédiatement au retrait des sanctions politiques et militaires, prises contre le gouvernement Sarkozy de l’époque. « La nouvelle position de la France » selon le premier ministre turc, permettrait de sortir de l’impasse des négociations avec l’Europe, entamées en 2005. Ankara espère ainsi que la France lève son veto sur certains chapitres des pourparlers.
Et Paris a tout intérêt à aller vers un rétablissement des relations bilatérales. La Turquie vit depuis une dizaine d’années, un véritable retour sur le devant de la scène. Avec des chiffres qui flirtent les 9% de croissance en 2011 et un taux de chômage inférieur à la moyenne européenne (10,2%), la quinzième puissance mondiale semble désormais à l’abri de la crise.
La Chine de l’Europe a un impact inévitable sur le vieux continent, étant donné l’imbrication de l’économie turque avec l’économie européenne et mondiale. L’an passé, l’UE a attiré quelque 46% des exportations turques. Et comme l’explique Félix Marquardt, fondateur des dîners de l’Atlantique, « Sans la démographie turque, l’Europe court le risque de prendre le même chemin que l’Italie dans les prochaines décennies. »
La France devrait ouvrir de nouveaux les négociations avec la Turquie pour son entrée dans l’Union Européenne, dès la rentrée. D’ici là, François Hollande se rendra en Turquie, vingt ans après un autre François. Mitterrand.