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Géorgie : décentraliser pour moderniser

Georgie

La modernisation de l’Etat doit-elle passer par la décentralisation ? En Géorgie, le parlement a été transféré de Tbilissi vers la deuxième ville du pays, Koutaïssi. Une manière pour le président Saakachvili de montrer que l’Etat doit s’impliquer sur tout le territoire.

Le 26 mai dernier, la Géorgie célébrait l’anniversaire de sa première indépendance qui aura duré trois ans jusqu’à ce que la patrie de Staline soit annexée de force par l’URSS. C’est ce jour symbolique qu’a choisi Mikhail Saakachvili pour annoncer le transfert solennel du Parlement à Koutaïssi. Un signe politique fort, « le symbole de la nouvelle Géorgie » selon le président.

L’opération, estimée à 65 millions d’euros, permettra de désenclaver Koutaïssi, ville industrielle de 185 000 habitants située à 220 km de Tbilissi et de rassembler le pays en décentralisant les organes du pouvoir. Un tel acte permet également d’éloigner le Parlement des tensions séparatistes dans ses zones frontalières avec la Russie et de le mettre ainsi à l’abri d’une menace potentielle.

Les tensions avec la Russie toute proche et les régions sécessionnistes de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud continuent en effet d’affecter la santé, y compris économique, du pays. Déménager le Parlement va donc permettre de mieux éparpiller régionalement l’appareil du pouvoir politique et économique. 

Le contexte reste incertain en Géorgie. Depuis quelques mois, l’oligarque franco-géorgien Bidzina Ivanishvili ambitionne de conquérir le pouvoir. Or, beaucoup le voient, à juste titre, comme le candidat préféré de Moscou en raison de son immense fortune bâtie en Russie et de ses nombreuses prises de position pro-Kremlin. Une telle perspective risquerait fortement d’effrayer les investisseurs occidentaux et n’ouvrirait rien de bon pour l’avenir d’un pays qui cherche précisément à se défaire de l’emprise de son puissant voisin. 

Néanmoins, l’excellente santé économique du pays n’incite pas à retomber dans les travers de l’ancien régime pro-russe. Les réformes engagées depuis 2004 ont permis à la Géorgie d’attirer de nombreux investisseurs étrangers. Ainsi, le pays a reçu 800 millions de dollars d’investissements directs étrangers en 2011. De plus, la corruption a fortement baissé, la Géorgie faisant même mieux que l’Italie selon le classement 2011 de Transparency International.


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La Rédaction