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Poutine veut reprendre la contrôle de la Géorgie

Poutine Géorgie

L’indépendance de la Géorgie n’aura-t-elle été qu’une question de dizaines d’années ? C’est ce que l’on peut craindre au vu des dernières déclarations du président russe Vladimir Poutine – passées inaperçues. Le Kremlin cherche-t-il à reprendre le contrôle de son voisin ?

A la suite du rapport du diplomate suisse Heidi Tagliavini, la guerre russo-géorgienne de 2008 a été imputée à la Géorgie, qui aurait attaqué l’Ossétie du Sud provoquant l’intervention disproportionnée de la Russie. Cependant, dans une interview à une télévision russe donnée au début du mois, Vladimir Poutine a admis ce que le président géorgien affirmait depuis des années : ce conflit était planifié et prémédité par l’Etat-major russe.

«Il y avait un plan, ce n’est pas un secret… C’est dans le cadre de ce plan qu’a agi la Russie. Il a été préparé par l’état-major général, fin 2006 ou début 2007. Il a été approuvé par moi et convenu avec moi», a affirmé le président russe, qui était déjà aux manettes à l’époque, en tant que premier ministre. Suivant ce plan, des armes lourdes et des troupes ont été préparées et mobilisées en vue d’une invasion prochaine de la Géorgie.

Cette guerre de cinq jours a entraîné l’indépendance autoproclamée des deux régions séparatistes de Géorgie, l’Ossétie du sud et l’Abkhazie, seulement reconnues par la Russie. Depuis 2008, la Russie prétendait n’avoir fait que défendre ses frères ossètes contre l’agression géorgienne alors qu’en réalité Moscou formait et entrainait depuis deux ans les milices locales, violant ainsi les lois internationales.

«Dans le cadre de ce plan, un entraînement de miliciens d’Ossétie du sud a été effectué (…) Nos spécialistes militaires pensaient initialement que ces milices ne pourraient pas aider dans une confrontation entre armées régulières, mais en fait, elles nous ont été fort utiles. » a expliqué le président russe. Ces déclarations sont accablantes et se révèlent un véritable pied de nez aux européens et américains qui avaient cru à la version de Moscou.

Pourquoi une telle sortie de la part de Vladimir Poutine ? Incontestablement, il se sait en position de force. Comme en 2008, les Etats-Unis, en période électorale, ne veulent aucun conflit avec la Russie. Quant aux européens, ils sont occupés à gérer la crise de la zone euro. D’après l’expert militaire Pavel Felgenhauer, il n’y a pas de doute à avoir : «l’état-major général russe a sans doute un autre plan pour envahir et occuper le reste de la Géorgie. Comme en 2008, la décision de l’activer sera décidée par la même et unique personne, Vladimir Poutine.».

Moscou pourrait ainsi profiter des élections législatives prévues dans un mois dans un mois afin d’essayer de déstabiliser le gouvernement géorgien. La Russie pourrait chercher à renforcer ses positions militaires dans les régions sécessionnistes tout en soutenant ses alliés en Géorgie, et tout particulièrement son candidat quasi-officiel Bidzina Ivanishvili. L’oligarque mène une campagne ouvertement populiste et conservatrice ciblant en priorité les minorités ethniques, sexuelles et religieuses.

Cependant, beaucoup craignent que le soutien à un pantin du Kremlin ne suffise pas à Vladimir Poutine. En cas d’échec de ce leader populiste, il est probable que la Russie choisisse la manière forte afin de mettre au pas la Géorgie. Quelle sera alors la réaction des occidentaux ? Il est à craindre qu’ils n’osent pas s’opposer aux ambitions du Tsar russe…

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La Rédaction