Ça transpire !

Foot et business: le foot a-t-il encore une âme?

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Les apports financiers étrangers affluent dans les clubs français. Le PSG a été racheté par l’état qatari tandis que l’AS Monaco FC a hérité de fonds russes. Comment expliquer ce soudain intérêt de la part des investisseurs internationaux pour la planète foot ?

Le PSG a été le premier à bénéficier des investissements qataris. Une formidable opportunité pour le club parisien, qui a pu ainsi recruter les joueurs dont il avait besoin, dans un univers sportif où ce sont de plus en plus les moyens financiers qui font la différence. Les intérêts du Qatar dans cette affaire sont  moins évidents. Il faut chercher du coté de la stratégie économique et géopolitique pour saisir les enjeux de ces placements, qui n’ont pas grand-chose à voir avec l’amour inconditionnel du foot.

Le Qatar a tiré profit de ses exportations gazières et pétrolières ces dix dernières années. Mais aujourd’hui, il s’agit d’anticiper, et de permettre une croissance qui ne peut pas compter éternellement sur des ressources naturelles épuisables. Dans les années 2000, l’émir du Qatar a décidé de faire du sport un levier économique et politique pour son pays.

L’achat du PSG, loin d’être une action isolée, a été complété par  l’accueil des mondiaux d’athlétisme en salle en 2010,  le lancement imminent de la version française d’Al-Jazira Sport, l’accueil des Mondiaux de handball en 2015, la probable organisation des jeux Olympiques de 2020, et par la Coupe du monde de football, que le Qatar est déjà assuré d’accueillir en 2022.

Plus qu’un levier de croissance, investir dans le foot est une manière pour le Qatar de faire entendre sa voix à l’international, un biais nécessaire car, comme l’explique Pascal Boniface, le directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques : « Le Qatar n’a ni les moyens ni la volonté de se constituer une armée suffisamment forte pour contrer les éventuelles menaces multiformes qui pèsent sur lui ».

Alors quoi ? Tout n’est qu’une histoire d’argent et de pouvoir. Où sont passés la beauté et l’amour du foot. On se doutait bien que ces investissements ne se faisaient pas pour la beauté du geste, mais en l’occurrence, on s’aperçoit que c’est même tout le contraire. Investissements 100% utiles qui font du foot un pur instrument économique et géopolitique.

Heureusement, d’autres exemples contribuent à redonner espoir dans l’esprit du sport. C’est le cas de l’ASM. Les monégasques ont également été rachetés par un étranger, un oligarque russe du nom de Dmitry Rybolovlev. Mais les fonds ici ne servent pas seulement les intérêts froids du business pur et dur. Le Prince de Monaco a confié le club au milliardaire, devenu actionnaire majoritaire, en s’assurant que ce dernier avait réellement à cœur de le remettre sur pied.

Ce grand collectionneur de Van Gogh et de Picasso n’a pas mis longtemps à prouver son engagement. Il ne se contente pas d’injecter de l’argent, il supervise véritablement les changements organisationnels et veille attentivement aux recrutements. Il veut voir les monégasques en ligue 1, et investit intelligemment pour cela.

C’est donc lui qui est à l’origine du recrutement du nouvel entraîneur, Claudio Ranieri, ainsi que des 8 nouveaux joueurs venus des quatre coins du monde. Il suffit d’ailleurs d’observer ces joueurs pour sentir la marque que le russe a imprimé a l’équipe, une signature toute cosmopolite qui fait l’originalité du business man.

Rassurons-nous donc, l’âme du foot n’est pas perdu, pas encore vendue au diable cupide du monde des affaires. Et quand c’est une histoire de cœur, les résultats sont là. Il n’y a qu’à voir les résultats de Monaco, leader du championnat et aux portes de la ligue 1.

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La Rédaction