Si l’on devait évaluer quel genre cinématographique a le plus de succès en cet hiver 2012, on citera sans grande hésitation les thrillers, avec une prédilection notable pour les histoires d’agents secrets. Que ce soit dans le contexte de la guerre froide ou celui plus contemporain du terrorisme, les services de renseignement continuent de fasciner les français.
Skyfall et Argo faisaient partie du top 5 du box-office français au moment de leur sortie en novembre. Le flegmatique et so British James Bond fait toujours autant vibrer les foules, tout comme les histoires d’agents secrets en général. Les services de renseignement, les fausses identités, les course-poursuites, les conspirations dans les coulisses du pouvoir, les gadgets et les armes, sont autant d’éléments qui vous pimentent un scénario. De quoi faire grimper l’adrénaline en ces temps froids et enrhumés et oublier l’ennui du train-train quotidien.
Si le nouveau James Bond décline une nouvelle fois l’équation habituelle (des jolies filles, un méchant, de l’action) et stimule le spectateur à l’aide d’une fiction pour le moins torturée, il diffère des précédents en ceci qu’il se laisse aller à quelques moments de pure nostalgie. Pour autant, La rupture avec les James Bond de la vieille école est définitivement consommée puisqu’il n’est plus question de guerre froide et de vilains russes mais d’interactions psychologiques complexes entre M et un de ses anciens agents. Il était effectivement venu un moment où les scénaristes de l’agent 007 ne savaient plus comment aborder la chose.
Il restera néanmoins toujours les irréductibles du bloc soviétique, et le sujet continue d’inspirer nombre de réalisateurs. De Raisons d’état (de Robert de Niro) à L’Affaire Farewell (de Christian Carion) en passant par La Taupe (Thomas Alfredson) ou encore La vie des autres (de Florian Henckel von Donnersmarc), ces films renvoient à une actualité trouble et peuvent s’appuyer sur les témoignages des protagonistes de cette époque. En témoignent des personnalités comme Alain Bianchi, chef du service de la sûreté du Gouvernement militaire français de Berlin du temps de la Kommandatura, ou encore Marion Winter, venue récemment témoigner devant une classe de CM2 à Caen et qui est parvenue à fuir la RDA en 1971 à l’âge de 20 ans en se cachant dans le coffre d’une voiture.
De son coté, Argo reprend une affaire d’espionnage authentique. Ben Affleck y incarne un agent de la C.I.A., Tony Mendez, chargé d’exfiltrer des américains cachés dans une ambassade pendant la révolution iranienne de 1979 en usant d’un stratagème peu conventionnel et plutôt risqué : inventer de toutes pièces une fausse production de film et faire passer les fugitifs pour une équipe de tournage partie en repérage en Iran. Un Polar Haletant réalisé par Ben Affleck et qui a dépassé le million d’entrées en France.
Terrorisme et espionnage fournissent aussi d’intarissables sources d’inspiration. Steven Spielberg s’est illustré dans le genre avec Munich, qui retrace les évènements de la nuit du 5 septembre 1972 au cours de laquelle un commando de l’organisation palestinienne Septembre Noir s’est introduit dans le pavillon israélien du Village Olympique pour y abattre ses occupants. Salt, avec Angelina Jolie, s’est également intéressé au terrorisme, en mettant en scène un agent double. Même fascination, même succès.
En ces temps troublés, rythmés par les conflits géopolitiques, les films d’espionnage ne manquent ni de sujets,ni de public et ne sont pas prêts de fuir nos salles de cinéma.