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Les propos de Manuel Valls condamné par Amnesty International

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Il n’a pas été épargné. Après les propos tenus cette semaine par Manuel Valls sur les Roms – qu’il a jugés incapable de s’intégrer -, le ministre de l’Intérieur a, sans surprise, été la cible d’Amnesty international lors de la conférence de presse sur « les expulsions forcées des Roms en France », ce mercredi 25 septembre à Paris.

De tels agissements favorisent l’incapacité d’intégration des Roms, selon l’ONG.

« Derrière le discours du ministre se cachent de nombreux et de lourds préjugés », lâche d’emblée John Dalhuisen, le directeur du Programme Europe d’Amnesty International. « Valls se dédouane de ses responsabilités politiques parce qu’il est simplement réticent à développer une politique plus intelligente à leur égard », a-t-il poursuivi. « Nous sommes face à une rhétorique politique construite sur des arguments fantasmés. En fait, nous sommes face à une absence de politique », tacle de son côté, Jean-François Corty, directeur des missions France à Médecins du Monde. Voilà pour l’ambiance générale.

Il faut dire que les préjugés sur les Roms sont légion, rapporte Amnesty International. Certes, leurs installations illégales sur les terrains municipaux entraînent des problèmes de voisinage, de délinquance et d’hygiène principalement, rappelle Marion Cadier, chercheuse et membre de l’ONG qui a mené l’enquête avant de publier le rapport. « Nous sommes parfaitement conscients de tout cela, nous ne nous voilons pas la face, mais ce rapport insiste surtout sur les solutions à mettre en œuvre pour stopper ce cycle infernal qui ne concerne qu’une minorité de Roms », insiste-t-elle.

« La réalité, c’est que les Roms deviennent de plus en plus ‘Français’ »

Car non, insiste la chercheuse, ils ne sont pas tous des détrousseurs, des cambrioleurs ou de « pauvres gens » exploités par des réseaux mafieux – un épiphénomène, selon Amnesty. « La droite comme la gauche font de faux constats : ils disent que les Roms ne souhaitent pas se mêler au reste de la population, auraient-ils donc vocation à vivre dans la misère ? La réalité, c’est que ces gens vivent depuis plusieurs années en France, ils deviennent de plus en plus ‘français’, et de moins en moins roumains ou bulgares », insiste John Dalhuisen.

Et non, ils ne sont pas plus nombreux « qu’avant ». Depuis plusieurs années, leur nombre sur le territoire français est resté relativement stable, entre 15 000 et 20 000. Leur situation générale, en revanche, se précarise dramatiquement. La faute, surtout, à la multiplication des opérations de démantèlement de camps. Plus ils déménagent, plus ils sombrent dans la précarité, et plus ils sont visibles et –parfois – nuisibles, indique l’ONG.

Selon son rapport, « en 2012 […] 11 982 migrants roms ont été chassés des squats et bidonvilles où ils habitaient, le plus souvent en raison d’une évacuation des autorités. Ce chiffre a fortement augmenté pendant les deux premiers trimestres 2013, atteignant 10 174 personnes, un nombre jamais atteint depuis le début des recensements en 2010 […] Durant les mois de juillet et août 2013, 3 746 Roms ont été expulsés à l’occasion de 39 opérations d’évacuation. »

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La Rédaction