Gazprom, le géant du gaz et du pétrole russe vient de trouver un accord avec l’entreprise ukrainienne Ostchem pour l’achat et la livraison de 5 milliards de mètres cubes de gaz. L’aspect étonnant de cette affaire est le tarif entre 30 % et 36 % moins chers que ce qui est actuellement pratiqué entre la Russie et l’Ukraine. Un nouvel épisode de la guerre énergétique entre les deux pays.
Ami ou ennemi, l’Ukraine ne sait plus quoi penser de la Russie. Il faut dire que Moscou souffle le chaud et le froid à une cadence rarement vue et qui pourrait finir par l’enrhumer.
En septembre, le Kremlin a décidé de faire état de son pouvoir de nuisance en interdisant l’importation en Russie des chocolats ukrainiens de la marque Roshen. Camions refoulés à la frontière, contrats impossibles à honorer, l’entreprise a beaucoup perdu en peu de temps. Les raisons d’un tel scénario ? De graves risques sanitaires qui obligeaient les autorités russes à prévenir plutôt que de compter les morts.
Quelques semaines après cet épisode malheureux pour la grande entreprise ukrainienne, une autre se voit extrêmement bien traitée par des autorités russes qui se décident aujourd’hui à souffler le chaud. L’heureux élu s’appelle Ostchem et est spécialisé dans les engrais et l’énergie. La société dirigée par une figure bien connue du monde des affaires ukrainien, Dmytro Firtash. Incontournable en Ukraine, il a réussi à négocier des tarifs plus proches de ceux dont bénéficient les pays d’Europe de l’Ouest. Il y a encore quelques jours, l’Ukraine payait le gaz russe beaucoup plus cher que les pays plus à l’Ouest. Un moyen de pression mis en place par Moscou dans la même veine que la grave crise du gaz qui avait touché Kiev entre 2007 et 2009.
Les Unions comme clés de compréhension
Comment comprendre ces changements d’attitude de la part du Kremlin, surtout lorsqu’ils sont si rapprochés dans le temps et aussi opposés. Un jour le commerce ukrainien est « saigné », le lendemain Moscou arrondit les angles sur la question centrale qu’est l’énergie. Bon flic vs mauvais flic joué par un seul et même acteur. Après les menaces, on cajole.
Cette attitude changeante, mais réfléchie s’explique par les négociations qui ont cours entre l’Ukraine et l’Union européenne au sujet d’un accord d’association et de libre-échange. Une avancée très mal vue par Moscou qui espère de son côté faire entrer l’Ukraine dans son Union douanière à laquelle appartiennent déjà la Biélorussie, le Kazakhstan et depuis peu l’Arménie.
Entre union russe et Union européenne, l’Ukraine doit faire un choix et Moscou fait tout pour réduire ce dernier à une seule réponse.