L'Echo

Economie : peut-on encadrer les parachutes dorés ?

Pratique particulièrement controversée, les parachutes dorés continuent d’être versés aux grands patrons à leur départ de l’entreprise. Prenant la forme d’une clause conventionnelle entre la société et le dirigeant, ils apparaissent difficiles à encadrer juridiquement. Pourtant, ils contribuent à agrandir le fossé qui sépare une petite élite du privé et l’immense masse des salariés.

 

En 2007, Nicolas Sarkozy, fort de son expérience à Bercy et à Matignon, décide de s’en prendre à la pratique des parachutes dorés. Finalement, le projet de loi intégré à la plus globale loi TEPA, ne réussira pas à mettre fin à cette pratique. Plus encore, cet échec sera pour beaucoup le symbole de l’incapacité de nos dirigeants à soumettre le secteur privé à l’intérêt public. Avec l’échec de la taxe à 75 %, le nouveau Président de la République François Hollande semble lui aussi s’être heurté à la puissance politique des grands patrons. En bref, les errements successifs des gouvernements en la matière semblent autant de cadeaux offerts au Patronat.

 

Si les sommes reçues par nos patrons semblent bien faibles en comparaison avec celles accordées à leurs homologues anglo-saxons, elles atteignent pourtant bien souvent des sommets. Ce fut ainsi le cas de Jean-Marie Messier qui empocha la modique somme de 20,5 millions d’euros après son départ de Vivendi Universal en 2002 ou de Philippe Jaffré, qui toucha en 2003 19 millions d’euros après avoir quitté Elf. Plus « régulièrement », les sommes touchées par les grands patrons oscillent entre 3 et 10 millions d’euros. Cependant, la justice semble parfois vouloir donner l’exemple. Jean-Pierre Clamadieu, ancien PDG de Rhodia et son homologue Yves-René Nanot, ancien président du conseil d’administration,  furent ainsi condamnés en 2008 à rembourser de leurs poches les 2,1 millions d’euros versés à l’ancien PDG du groupe Jean-Pierre Tirouflet en 2004. Accusés d’avoir fermé les yeux sur la plainte déposée par une société belge, actionnaire minoritaire du groupe qui contestait les indemnités, ils durent ainsi s’expliquer devant le tribunal de commerce de Nanterre.

 

A l’heure de la crise économique, de la désindustrialisation du territoire, des délocalisations et des plans sociaux, ces pratiques provoquent l’ire des salariés soumis à la loi du marché. Symbolisant un entre-soi existant entre les grands patrons du secteur privé, cette pratique ne peut qu’accentuer la défiance et les tensions sociales, déjà si exacerbées dans un pays en crise.

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Maude Rossi