Les premières négociations entre les syndicats et le patronat de l’Agic-Aggro ont débuté ce mardi 17 février. Les deux parties ont jusqu’en juin pour trouver un compromis concernant les retraites complémentaires.
Les huit partenaires du groupe présenteront à tour de rôle leurs objectifs et leurs limites. Cependant, l’on doit se patienter jusqu’à la troisième rencontre pour savoir l’issue des négociations. « L’enjeu est majeur. Il en va de l’avenir du système de retraites complémentaires », explique Patrick Poizat, négociateur CFTC.
Les négociations semblent « extrêmement compliquées », affirment plusieurs négociateurs alors qu’il est urgent de déterminer le régime des cadres.
Le syndicat et le patronat avaient déjà mis en place certaines mesures pour limiter les dégradations de finances à cause de l’arrivée massive « papy boomers » et surtout à cause de la diminution des cotisations à cause du chômage. Il devient urgent de trouver une solution pour les cotisations puissent financer les pensions complémentaires versées à plus de 12 millions de personnes.
Le groupe peut encore survivre grâce à leur réserve financière, mais cela pourrait ne pas atteindre 2018 pour l’Agirc et 2017 pour l’Accro.
En déficit depuis 5 ans, Argic et Accro versent chaque année « plus de pensions qu’elles ne perçoivent de cotisations », explique la Cour des comptes en décembre, qui affirme une nette amélioration du solde des régimes à 5,5 milliards à partir de 2018. Ce qui « semble raisonnable », mais « rien ne doit être interdit » pour y parvenir.
La CGT estime qu’il faut augmenter les cotisations. Mais « c’est impossible » a déclaré le patron du Medef Pierre Gattaz qui pensait pourtant qu’il n’y a « pas de tabou sur aucun sujet ».
« Il n’y a pas 50 solutions », intervient Jean-Pierre Crouzet, président de l’UPA: « ça ne peut se traduire que par un allongement de l’âge de départ», une hypothèse rejetée par les syndicats. « Plus de la moitié des salariés du privé ne sont plus sur le marché du travail quand ils liquident leur pension. C’est facile d’aligner des chiffres », a dit Philippe Pihet (FO).
Le levier des âges est également un point important à étudier, mais il faut aussi analyser les abattements portés par le Medef, une solution que préfèrent plus les syndicats si le patronat accepte de faire des efforts. Ce qui veut dire qu’un actif parti en retraite à 62 ans perçoit la totalité de sa pension de base, mais il faudrait déterminer à quel âge, il toucherait une retraite complémentaire amputée et pendant quelle durée.
La mesure est assez douloureuse. Or, « il ne s’agit pas d’appauvrir les uns pour soulager les autres. Le pouvoir d’achat des uns et des autres est tout aussi important que le fait par exemple qu’on n’augmente pas les cotisations », argumente Geneviève Roy (CGPME).
Il y a également le problème du pouvoir d’achat qui fait consensus chez les syndicats : il est « hors de question de baisser le niveau des pensions ».
M. Poizat pense que la réversion est « un point de grande fâcherie ». Il estime « la nécessité de maintenir des régimes de réversion qui permettent aux conjoints survivants de recevoir une pension d’un niveau décent ». CFTC comme CGPME ne sont pas favorables à la mise sous condition de ressources.
La fusion de deux régimes est possible selon une partie du patronat et la CFDT, saut que la CFE-CGC est, la CGT n’acceptent pas cette idée. Selon les sondages, toutes les solutions envisageables pour sauver le groupe seront rejetées.