Âgé de 78 ans et président de Crif, Roger Cukierman défend avec ferveur la communauté juive même s’il faut créer des conflits, de la colère et même de l’embarras dans son propre camp.
En déclarant que « toutes les violences aujourd’hui sont commises par de jeunes musulmans », il a réussi à réveiller la colère de la communauté musulmane, qui n’a pas répondu l’invitation au diner annuel du Crif, lundi dernier.
Michel Serfaty, rabbin de Ris-Orangis estime que malgré l’habilité du président du Crif à prendre la parole, sa langue « a fourché ». Le Comité contre l’islamophobie en France (CCIF), considère que Mr Cukierman est un « récidiviste aux prises de position islamophobes »
Ce n’est pas la première fois que Mr Cukierman effectue des discours de ce genre à l’égard des musulmans. C’était également le cas en novembre 2014 au Figaro où il avait dit qu’il y avait « deux groupes qui posent problèmes : les musulmans et le Front national ».
« Une partie des banlieues et des jeunes de l’immigration est polluée par des idées nauséabondes » affirme-t-il face aux attaques de janvier touchant Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher à Vincennes. Des propos qu’il n’est pas le seul à tenir.
En effet, en septembre le président de la Licra, Alain Jakibowicz a également demandé à ce qu’on en finisse avec « la langue de bois ». «Ces actes ne sont pas le fait des antisémites maurrassiens de l’extrême droite française, ils sont dans une immense majorité des cas commis dans des zones de banlieue, de grandes agglomérations, par des jeunes issus de la communauté arabo-musulmane, certes une infime minorité. C’est une évidence, ne pas la dire c’est faire le jeu de Marine Le Pen», dénonce-t-il.
Roger Cukierman, trois fois élus à la tête du Crif, n’avait pas hésité à s’embrouiller avec les représentants musulmans en comparant antisionisme et antisémitisme. En 2003, il a déjà fait allusion à une alliance « brun, vert, rouge » qui rassemble « une extrême droite nostalgique des hiérarchies raciales » ainsi qu’un « courant d’extrême gauche, antimondialiste, anticapitaliste, antiaméricaine, antisioniste ». Il a d’ailleurs était mis en examen pour injure après la plainte de la Ligue communiste révolutionnaire, mais il a été relaxé.
Défini par son rival à l’élection de 2004 Serge Hajadenberg de « sioniste convaincu », Cukierman déclare cependant « serré la main de Yasser Arafat ».
«C’est quelqu’un de très honnête, intègre, qui a des convictions très nettes, et qui les porte », le défend Sacha Reigewirtz, à la tête de l’UEJF (Union des étudiants juifs de France). «Ce qui est important, c’est que c’est un enfant caché (pendant la guerre). Il a toujours été marqué par cette histoire tragique», ce qui explique selon lui «sa volonté de marquer un combat militant ».
Il était vice-président du Congrès juif mondial et il participait activement au Fonds social Juif Unifié et à l’Alliance israélite universelle. Il a aussi fait carrière chez Edmond de Rothscild avant d’été élu pour la premières fois, président du Crif en 2001, au moment où la France a été envahie par l’antisémitisme. Réélu avec plus de 80% des voix en 2004, il a quitté le Crif en 2007, puis réélu pour un troisième mandat en 2013.