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L’Entente.net, le site qui surveille le FN

Un petit collectif a créé un site internet et analyse minutieusement toutes les déclarations publiques du Front national aux élections départementales. Guillaume, un de membre du collectif traque sans relâche toutes les déclarations publiques des candidats du Front national aux élections départementales. Il passe même des heures à pianoter sur son ordinateur.

Guillaume, un étudiant de 22 ans en sociologie politique dans une université parisienne, s’est transformé en un véritable expert du parti FN (l’extrême droite), en quelques années. Cela était né d’une « curiosité » qui l’a entrainé à analyser les discours du parti depuis l’accession de Marine Le Pen à la tête du FN en 2011.
« Au départ, je recueillais des articles de presse, puis j’ai commencé à lire des livres sur le Front national et à m’intéresser aussi aux publications des membres du parti, » déclare-t-il.

Guillaume a ensuite créé « l’Entente » un petit collectif de surveillance trois ans plus tard. Il s’est fait aider par certains de ses amis pour mettre en place un petit noyau de surveillance. En novembre 2014, ils étaient une dizaine à s’y lancer. Le nombre de « vigies » a depuis varié, mais la surveillance se porte sur les propos, les publications et les actes publics des responsables FN.

Compte Twitter, Facebook, interview, comptes-rendus, les séances des candidats élus, tout est analysé scrupuleusement par cette équipe de bénévole. C’est avec leurs curiosités et la vigilance du collectif qu’ils sont tombé dans les rouages de la législative partielle de Doubs, notamment sur les déclarations de Sophie Montel sur « l’évidente inégalité des races » ou le nombre incroyable des déclarations antisémites d’Alex Larionov, un candidat de l’Aveyron qui n’est plus membres du FN désormais.
À trois semaines des départementales, ils ont analysé les profils des 4 000 profils de l’extrême droite. Ils ont trouvé « une cinquantaine de propos problématiques » qui viennent s’ajouter avec les très nombreux cas déjà dévoilés par la presse. Selon Guillaume, il y a en tout, près de 500 candidats qui passent « du partage d’un lien d’un groupuscule pétainiste à des propos complotistes ».

Charlotte, une jeune fille de 23 ans faite aussi partie du collectif. «Parler du FN, différemment », c’est ce qui a incité la jeune étudiante à rejoindre l’aventure. Elle a ajouté que selon elle, « l’Entente » ne « remplacera pas les médias traditionnels, mais plutôt faire figure de complément ». Tout comme Guillaume, elle n’a pas de haine envers un parti politique, mais considère que le FN est un « parti antilaïc et antirépublicain ».
La petite bande d’amis se rejoint une fois par semaine chez l’un d’entre eux pour utiliser l’arme qu’ils manient le mieux, l’internet, pour effectuer leur surveillance. En tout cas, leur résolution contredit l’idée reçue selon laquelle les jeunes n’ont pas d’espoirs, de convictions ni de combats.
Les partis commencent même à être intrigués par leur travail surtout à quelques semaines du scrutin. Le « fichier l’Entente » est peut bien leur servir pour faire face à l’extrême droite qui gagne de plus en plus de terrains dans les enquêtes d’opinion. Guillaume a déjà rencontré quelques membres des partis de gauche et des responsables de l’UMP.

Carole, une ancienne chercheuse économie et en philosophie d’une cinquantaine d’années se réjouit de l’engagement que ces jeunes ont pris.  C’est ce qui « donne un sens à mon militantisme », déclare-t-elle d’une voix très émue. Elle suit de très près la relève. « Certains feront probablement une carrière politique », estime-t-elle « mais là ce n’est pas l’horizon. »

En tout cas, l’équipe de Guillaume affirme que l’objectif du collectif est de fournir des informations les plus neutres possible. « Qu’on soit de droite ou de gauche, un propos incohérent est un propos incohérent, un propos de haine est un propos de haine. »

A propos de l'auteur

Stephanie Dumont