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Valls : le chômage devrait attendre

Selon le premier ministre, le chômage serait provoqué par le déficit de la croissance, mais le déficit de la croissance est dû à quoi ?

Comme tous les mercredis du mois, vers 18 heures, les chiffres du chômage arrivent et ils ne sont pas très encourageants. Le nombre de chômeurs sans activité a augmenté de 12 800 personne, un chiffre qui fait oublier la baisse de 20 100 chômeurs du mois de janvier. Le nombre total de chômeurs demandeurs d’emploi catégorie A, B et C confondue a atteint les 5 262 500 vers la fin de février et grimpe jusqu’à 5 561 000 si l’on ajoute les chiffres du DOM, soit une augmentation de près de 0,6 % en février.  Les journalistes ont interpellé le premier ministre sur le pavé à Fresnes, dans le Val-de-Marne pour connaitre ses réactions face à ces nouveaux chiffres.

La courbe du chômage ne s’inverse pas, des millions de Français sont fatigués et désespérés de faire la queue chez Pôle Emploi dans l’espoir de trouver du travail. En plus de cela,  il y a aussi les ténors socialistes qui sont en attente d’un moindre retournement pour en faire un bel argument pour leur campagne électorale. Il faut l’admettre, le chômage est en hausse. Manuel Valls, lui est ailleurs, c’est comme pour dire aux journalistes « qu’il ne se préoccupait pas de ses mauvais chiffres », il n’a pas hésité à répondre aux interrogations des journalistes en déclarant : « Je suis en campagne. Je ne fais pas deux choses à la fois. Il faut vous y habituer. » Doit-on conclure qu’il l’a dit sans réfléchir ou qu’il pensait vraiment chaque mot qu’il avait prononcé ?

Mais quand il arrive le moment où il essaye d’expliquer ce désastre, il ressort toujours son vieux discours de lapalissade économique : « Nous savons parfaitement, et nous le savions, que tant que nous n’avons pas une croissance plus forte, autour de 1,5 %, il est difficile de créer de l’emploi. » Ce n’est pas faux, mais il semble oublier que le déficit de la croissance dépend de la politique économique du gouvernement, et que le budget 2015 est basé sur une croissance à 1%. Et la situation ne semble pas réellement évoluée avec les nouvelles réformes. Il faut l’admettre et le rappeler, la France est « le cancre de la zone euro en matière de finances » avec un déficit primaire de plus en plus élevé soit -1,9 % du PIB, et ce, hors charge de la dette. La productivité des entreprises est un autre problème qui puise l’économie et de ce fait, handicape le marché du travail. Rappelons-le, en quarante ans, le nombre d’heures travaillées en France a diminué de 20 % alors chez les autres partenaires, ce volume horaire reste stable. Et le CICE ? Les chiffres de l’Insee indiquent que le taux de marge des entreprises françaises n’a pas vraiment évolué et reste à 29,7 % de la valeur ajoutée en 2014, malgré le dispositif, alors qu’on Allemagne, la marge touche les 42 %.

« Certes, on peut toujours espérer profiter [un peu] d’un regain de croissance chez nos partenaires par le biais de nos exportations. Cette politique du passager clandestin peut permettre de stabiliser, voire d’inverser temporairement la courbe du chômage, mais l’écart de niveau de vie avec nos partenaires ne fera qu’augmenter », a rappelé André Zylberberg, directeur de recherche émérite au CNRS, membre du centre d’économie de la Sorbonne et de l’École d’économie de Paris. Dimanche prochain, le premier ministre devrait commenter les résultats des élections, peut-être qu’il étudiera les chiffres de Pôle emploi après ! Enfin, l’on espère, car il a été bien clair « une chose après l’autre et qu’il faut qu’on s’y habitue »

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Stephanie Dumont