L'Echo

Shell-BG : un mariage de tous les feux

Shell et BG se préparent à un mariage sans précédent. Tout va basculer, la chute des cours du pétrole avait joué un rôle prépondérant dans le monde de l’or noir. En seulement quelque mois, des prédateurs qui se croyaient intouchables jusqu’ici se trouvent maintenant à la place des proies.
Le groupe pétrolier anglo-néerlandais Shell est le premier à avoir initié le changement. Le groupe vient de dévoiler mercredi 8 avril, un accord pour racheter le groupe pétrolier britannique BG. Cette opération est estimée à 47 milliards de livres, soit 64 milliards d’euros.
Un mariage à donner des étourdis a ses concurrents, les spécialistes estiment que c’est le plus gros mariage dans le secteur des hydrocarbures depuis quinze ans. Même si BG n’avait sollicité aucune manifestation d’intérêt sur son rachat, le groupe Shell lui propose de payer cette somme en titres et en espèces à un prix 52 %, qui est largement au-dessus du cours de Bourse de son concurrent. Cette offre a été rapidement acceptée par le conseil d’administration de BG, jugeant qu’elle est généreuse.

Shell dominera le marché mondial du GNL

Ce n’est pas une opération anodine, car cette action va permettre à Shell de dépasser son concurrent américain Chevron au second rang des producteurs d’énergie. L’acquisition de BG va renforcer la place de Shell sur le marché mondial ; surtout sur le marché du gaz naturel liquéfié. Il va alors miser sa performance sur le développement du GNL, qui est aujourd’hui considéré comme le secteur le plus prometteur dans l’énergie.
Privatisé en 1986 par le Premier ministre, Margaret Thatcher, British Gas, enregistrent ses premières pertes en 2014, après des années de réussite. C’est surtout la succession ratée de son bâtisseur Frank Chapman qui a annoncé le début de l’effondrement de ce fleuron anglais. La chute du brut n’a fait qu’accélérer sa descente aux enfers. En 2014, lorsque les comptes de BG sont dans le rouge, et que son cours de Bourse a perdu 29 %, la nomination du nouveau patron, Helge Lund, n’avait rien changé.
La chute de l’euro favorise également la déstabilisation de plusieurs entreprises, Shell avait bénéficié d’une situation financière quasi irréprochable malgré quelque difficulté, ce qui lui avait permis de faire une telle transaction. Ce rachat de BG par Shell est peut-être le début d’une longue série, comme ce fut le cas en 1998.

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Stephanie Dumont