L’ex-président islamiste, Mohamed Morsi, pourrait être condamné à mort ce mardi pour « incitation au meurtre » de manifestants. Ce serait le premier verdict prononcé contre le dirigeant islamiste, qui a été destitué et arrêté en juillet en 2013 par l’armée qui soutenait les manifestations monstres exigeant son départ après une année au pouvoir.
La confrérie des Frères musulmans qui accusent une justice « instrumentalisée » par les autorités dans « leur lutte contre la légitimité populaire et révolutionnaire » représentée par Mohamed Morsi a lancé un appel à manifestation sans interruption à partir de mardi.
Même s’il n’écope pas la peine capitale, il est le premier civil élu démocratiquement pour la présidence de l’Égypte qui pourrait être condamné à une prison à vie, pour « incitation au meurtre » de manifestants de l’opposition en décembre 2012, à l’époque où il était encore au pouvoir.
Sa condamnation est le symbole d’un nouveau coup pour l’opposition islamiste, qui est déjà visé par une répression sanglante. Près de 1 400 manifestants et soldats ont trouvé la mort depuis l’éviction de Morsi, et près de 1 500 autres ont été emprisonnés.
Plus d’une centaine de personnes ont également été condamnées à mort pendant des procès de masse que l’ONU avait définie de « sans précédent dans l’Histoire récente du monde « .
Mohamed Morsi est en fait jugé pour cinq affaires, dont l’espionnage et l’évasion de prison pendant la révolte de 2012, qui a dénigré le raïs Hosni Moubarak au pouvoir. Il pourra faire appel du verdict de mardi.
Achraf al-Cherif, un politologue de l’Université américaine du Caire estime que condamner le dirigeant islamiste signifierait « le couronnement de la répression judiciaire lancée par les autorités contre les islamistes « .
« Les procès intentés contre M. Morsi en particulier ne font aucun sens, ce sont des procès politiques « , évoque-t-il.
Le régime de M.Sissi, qui avait bénéficié d’une importante popularité chez une population qui en avait marre des quatre années d’instabilité politique est définie comme plus « répressif que celui de Moubarak » selon les organisations internationales de défense des droits de l’Homme.
Le maréchal actuellement à la retraite a d’ailleurs toujours affiché sa volonté d’éradiquer les Frères musulmans. La confrérie a été définie par les autorités comme « une organisation terroriste « . La confrérie est même accusée d’avoir perpétré les derniers attentats presque journaliers qui visaient les forces de sécurité.
L’organisation avait remporté toutes les élections démocratiques qui se sont déroulées entre 2011 et la chute du Morsi. Elle n’a jamais admis qu’elle avait utilisé la violence. Les attentats sont en général perpétrés par les groupes jihadistes qui affirment agir en représailles à la répression.
Et dans un pays qui était sous la coupe de l’armée depuis des décennies, l’arrivée de M.Sissi était le symbole de la fin d’une parenthèse démocratique qui a été ouverte lors du soulèvement de 2011.
Actuellement, la répression touche également les mouvements laïcs et de gauche.
Mardi, devant un tribunal du Caire, M.Morsi sera jugé avec 14 coaccusés, dont sept, en fuite, pour la mort de trois manifestants dans la présidence. Ils étaient accusés d’avoir participé à une dispersion violente de la manifestation.
La défense soutient un manque de preuves et évoque le fait que des pro-Morsi ont également trouvé la mort pendant ces affrontements.
D’après les experts, s’il écope de la condamnation à mort, il ne sera pas pendu. « Son exécution représenterait une escalade que les autorités ne semblent pas prêtes à entreprendre « , annonce H. A. Hellyer, de la Brookings Institution, un centre de réflexion basé à Washington. « La condamnation d’un président élu, renversé par une intervention militaire –même populaire –, sera mal perçue à l’international « , continue-t-il.
En même temps, Hosni Moubarak, son prédécesseur a écopé d’une peine d’emprisonnement à vie en première instance, mais il a bénéficié d’un appel d’un abandon des accusations pour complicité dans la mort d’une centaine de manifestants en 2011. Hosni Moubarak et ses deux fils ont été acquittés dans les affaires de corruption.
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