L’armée française est appelée à intervenir sur de nombreux fronts. Il va sans dire que cela a un coût. Celui-ci est resté le même que l’année dernière, et comme les années précédentes, il a été largement sous-estimé dans le budget de la défense française.
Avec ses interventions au Mali, Sahel ou encore Syrie, les opérations extérieures (Opex) ont coûté entre 1,1 et 1,2 milliard d’euros en 2016, nous apprend « Les Échos ». Depuis 2011, et le début de l’intervention militaire en Libye, le coût de ces opérations n’a cessé de dépasser le milliard d’euros.
Cela est devenu un scénario classique, en 2014 le budget prévoyait ainsi 450 millions d’euros dédiés aux Opex, résultat final, 1,12 milliard réellement dépensé. Le dépassement de 665 millions d’euros a été réglé grâce à un « financement interministériel ». L’année suivante, on garde les mêmes chiffres pour le même constat, et la même pratique.
Bien sûr, on imagine bien qu’il est parfois difficile de prévoir certaines opérations imprévues. En fait, nous arrivons là sur une vieille tradition française, une technique gouvernementale qui en sous-estimant, diminue la prévision de déficit lors de la présentation du budget à l’automne. Tout ceci est bien identifié, car en 2015, la cour des Comptes a pointé du doigt cette pratique.
Cependant, la réflexion ne doit peut-être pas s’arrêter là. Il faut considérer, que cette dérive influe sur les moyens militaires, et les résultats sur du plus long terme. Avec un budget systématiquement sous-évalué, on favorise le court terme, et des options pas forcément meilleures, mais à un coût supportable.
C’est dans ce sens, que le Général Desporte expliquait dans les colonnes du figaro, que « parce qu’elle n’a pas les moyens des missions qu’on lui donne, l’armée française, qui est une armée d’excellence, ne parvient qu’à des résultats tactiques trop ponctuels pour réaliser sur le long terme un résultat stratégique performant ».
Le ministère de la Défense a annoncé en septembre dernier, une augmentation de 600 millions du budget de la défense en 2017. Il va atteindre alors 32,7 milliards d’euros, et d’après vous, à combien se monte la dotation prévisionnelle des Opex ? 450 millions en effet, c’était facile à trouver. « On trouvera avec, comme de bien entendu la clause de sauvegarde de la loi de programmation militaire (LPM), qui prévoit un financement interministériel préservant ainsi les crédits d’équipement du ministère », précise toutefois le plan de finances.
L’idée maitresse actuelle, est donc de faire plutôt des erreurs à pas cher, qui se répètent, que de trouver des solutions certes onéreuses, mais définitives.
Crédit photo : Texjohn’s Aviation Gallery