Au fur et à mesure, la ville de Mossoul repasse sous le contrôle des forces irakiennes. Trois mois après le début de l’offensive pour reprendre le fief irakien du groupe État islamique, il ne reste que quelques quartiers dans le nord où on signale encore la présence des djihadistes.
Comme toujours, nous sommes étonnés de voir que dans les quartiers reconquis, la vie a commencé à reprendre son cours, et cela, malgré que les services de base n’aient pas été totalement rétablis. Ce sont les enfants qui le plus vite et le plus complètement se sont réapproprié leurs terrains de jeu trop longtemps interdits.
D’ailleurs, le danger est toujours omniprésent, notamment avec les engins explosifs qui n’ont pas explosé et qui deviennent un jouet pour les enfants. On sait que nettoyer la ville des engins explosifs prendra de nombreuses semaines.
Au fur et à mesure, les équipes médicales militaires reçoivent une aide sous la forme de petits hôpitaux de fortune. Dans une maison abandonnée, le chirurgien Saadoun, un habitant de la ville, a rassemblé une équipe de bénévoles locaux. Dans ce centre médical de fortune, qui ne compte qu’un seul gynécologue, un bébé vient de naître. « Nous avons eu beaucoup de patientes aujourd’hui. Deux d’entre elles ont fait des hémorragies », nous confie Meryem, la sage-femme. « Heureusement, nous pourrons bientôt nous installer dans un local préfabriqué ».
Même si la situation s’améliore, les habitants restent partagés entre la crainte et l’espoir. Dans les quartiers libérés, la première préoccupation est de trouver de l’eau potable et de l’électricité. « La sécurité est revenue, les boutiques du marché ont rouvert et les clients sont là », s’était réjoui Haj Fawzi, un boucher interrogé la semaine dernière dans le grand marché d’Al-Zahraa. Meryem pour sa part, raconte que sa famille vit à Dohuk, au nord de Mossoul. « Ils ont encore peur de Daesh », dit-elle. « La nuit ici, ce n’est pas stable ».
Concernant l’avenir, comme d’habitude les plus jeunes s’avèrent les plus confiants. Mohamad confie à une équipe de Franceinfo, « j’ai dû arrêter mes études de droit il y a trois ans. Sous Daech, c’était interdit » il veut devenir juge et « construire le futur de Mossoul ».
Plus âgé, Abu Brahim, est plus inquiet, « avant Daech, il y avait déjà des terroristes ici. Mais les policiers n’y ont pas accordé d’importance » raconte-t-il. « Chacun se renvoyait le problème. Et Daech est arrivé ». Abu Brahim évoque la corruption qui sévit à Bagdad, la capitale irakienne, et à Mossoul.
En toile de fond de ces craintes, les affrontements entre les Kurdes et les milices chiites. La guerre, a brouillé les cartes dans la région et les combattants kurdes ont pris le contrôle des terres, auparavant reconnues comme irakiennes. Quant aux forces chiites, elles ont renforcé leur présence dans la région de Mossoul, majoritairement sunnite.
Si Daesh a réussi à s’implanter dans la région, c’est aussi en profitant d’une situation complexe et conflictuelle antérieure.
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