Un rhinocéros a été abattu, dans un zoo des Yvelines, et sa corne retirée. Au-delà, de l’aspect horrible de la chose, on peut se demander quelles sont les motivations des personnes qui ont fait un tel acte. Comme souvent, le mobile est l’argent, et aussi étrange que cela puisse paraître, la corne de rhinocéros se vend plus cher que l’or.
On estime la valeur de cette corne en ivoire entre 25 000 et 200 000 euros la corne, en fonction de sa taille bien sûr. L’ivoire a toujours été très prisé, au point de décimer une espèce en voie de disparition. Le prix des cornes a véritablement explosé en 2010. L’objectif n’est pourtant pas de vendre ces produits sur le sol français, mais de les faire transiter vers l’Asie.
Une fois arrivées en Asie, les cornes de rhinocéros se parent de toutes les vertus. Réduites en poudre par exemple en Chine et au Vietnam, les habitants vont lui attribuer des vertus médicales très variées. La poudre permettrait de faire baisser la fièvre, de faire reculer le cancer, de stopper les saignements de nez, et même de remonter la libido. Évidemment, tout ceci n’a aucun fondement scientifique.
Entre 2009 et 2014, ces deux pays ont représenté, à eux seuls, près de 70 % des saisies mondiales de cornes de rhinocéros, car la demande ne cesse de grimper. Outre les « vertus magiques », la possession d’ivoire et de cornes, est un signe extérieur classique de réussite et d’ascension sociale ainsi que de puissance.
Autrefois en France, on retrouvait l’utilisation de ses cornes surtout pour la fabrication de cannes ou de trophées.
Ce trafic de cornes de rhinocéros pourrait définitivement faire disparaître l’animal de la planète. C’est déjà ce qui est arrivé au rhinocéros noir d’Afrique de l’Ouest, qui a disparu officiellement en 2011. Au total, le nombre de rhinocéros noirs vivant dans la nature est estimé à 5 000 individus, et à environ 20 000 en ce qui concerne les rhinocéros blancs. Vivant en Afrique de l’Est, leur nombre continue de chuter, année après année, car le carnage continue. D’après le site Planetoscope, 242 rhinocéros ont été abattus depuis le 1er janvier 2017. Plus de 1 300 ont été tués en 2015, contre 745 en 2012.
Face à cela, on essaye bien de multiplier la surveillance, de punir les trafiquants, mais il est difficile de tout contrôler sur de grandes superficies, et il faut aussi faire avec la corruption. Début 2013, la réserve sud-africaine de Sabi Sand a décidé d’empoisonner les cornes. Si la corne est utilisée en poudre, cela provoquera des douleurs intestinales au consommateur, sans pour autant le tuer.
Crédit photo : Pushpinder Malik