Chelsea Manning est libre, certains diront, « enfin libre ». Après sept ans de détention, la lanceuse d’alerte, source de WikiLeaks, est donc sorti de sa prison. Elle a profité de l’intervention directe de Barack Obama qui avait commué sa peine.
On se doute bien, que ce ne fut pas avec la grâce et la bénédiction de l’armée, que la lanceuse d’alerte de 29 ans, source de WikiLeaks, a quitté dans la nuit la prison militaire de Fort Leavenworth, au Kansas.
Un petit rappel s’impose, en 2010, il s’appelait Bradley Manning, c’est un analyste du renseignement pour l’armée américaine à Bagdad. Il se retrouve devant un cas de conscience, trahir sa loyauté envers l’armée de son pays ou trahir sa conscience et la vérité. Il décide un jour de copier plus de 700 000 documents pour les transmettre à l’organisation de Julian Assange. Ces documents contiennent une vidéo montrant des civils irakiens et deux photographes de l’agence Reuters abattus par un hélicoptère Apache. Vous l’aurez compris, il s’agit des documents secrets sur les guerres d’Irak et d’Afghanistan, et les télégrammes de la diplomatie américaine.
Il est dénoncé, arrêté et placé au secret, mais l’affaire va prendre une tournure très médiatique au grand dam des militaires. Etant militaire, son procès se passe en cour martiale, il plaide coupable et explique avoir agi « par amour pour son pays ». Il est condamné en août 2013, à trente-cinq ans de prison.
Rebondissement au lendemain de la sentence, il annonce publiquement, son changement d’identité, de Bradley à Chelsea, et sa volonté de subir l’opération nécessaire à son changement de sexe.
Bien sûr, cela braque un peu plus les objectifs sur l’affaire, et de nombreuses associations se mobilisent autour de celui qui veut devenir Chelsea. De nombreuses révélations font état de sa détention à Fort Leavenworth, qui semble être particulièrement dure. Il faudra une tentative de suicide, et une grève de la faim pour pouvoir accéder aux traitements hormonaux nécessaires à sa transition. Il finit par obtenir gain de cause.
A partir de ce moment-là, les choses vont peu à peu évoluer pour Chelsea. La pression menée notamment par Amnesty international a sans doute largement pesé dans la décision d’Obama. Une pétition a recueilli plus de 100 000 signatures. Finalement, sa sortie le 17 mai, journée mondiale de lutte contre l’homophobie et la transphobie est tout un symbole.
« Quoi que me réserve l’avenir, c’est bien plus important que le passé », a-t-elle déclaré. Elle reste soldate « en service actif », non rémunérée, mais elle peut prétendre à certains droits, tels que l’assurance santé. Financièrement, elle peut compter sur des initiatives d’artistes comme le guitariste Tom Morello (ex-Rage Against the Machine), Thurston Moore de Sonic Youth ou le rappeur Talib Kweli.
De son côté, la Fondation Courage continue à recueillir des dons pour son appel en justice, car la commutation de peine n’a en effet pas annulé sa condamnation pour « espionnage ».
Crédit photo : mathew lippicott