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Beurre : chronique d’une pénurie annoncée

Elle était annoncée et la voilà, la pénurie de beurre. Elle touche maintenant les particuliers, car les rayons des supermarchés se vident. Cependant, les grossistes y sont confrontés depuis pas mal de temps, et les spécialistes le prédisaient depuis le printemps dernier. Une question s’impose, pourquoi n’avons-nous pas pu éviter un problème pourtant bien repéré depuis longtemps ?

La cause n’est pas due à une brusque variation passagère, mais bien à un mouvement de fond couplé avec la difficulté de prendre des décisions, surtout quand celles-ci sont le résultat de négociations, qui prennent le plus souvent beaucoup de temps.

D’un côté, nous avons une nette hausse de la demande dans les pays développés, mais aussi dans les pays en développement. Il faut voir derrière cette tendance, une volte-face de la part des consommateurs, qui retrouvent les valeurs et le goût pour la matière grasse animale. Il faut dire, que la pression de bon nombre de nutritionnistes qui ont, durant de nombreuses années, milité pour la réduction de sa consommation, a fortement baissé. On assiste, si on peut dire à un retour en « grasse » du beurre.

A cela, il faut rajouter, un net intérêt dans le monde des viennoiseries françaises au beurre, et notamment en Chine. Évidemment, dès que l’on parle de la Chine, on imagine très vite que cela concerne des quantités énormes.

De l’autre côté, on a une production laitière en baisse en Nouvelle-Zélande, qui reste le plus gros exportateur mondial de lait. Cependant, on observe aussi une baisse en Europe, qui a payé une sortie des quotas laitiers en 2015 assez chaotique, car elle avait provoqué une surproduction et donc une chute des cours. Dans un même élan, les éleveurs ont réduit leur production.

On peut rajouter à cela, une récolte fourragère particulièrement médiocre, conséquence des conditions climatiques peu favorables, et donc tout est en place pour une bonne pénurie.

Néanmoins, pour que celle-ci s’aggrave, il faut le réflexe classique des consommateurs qui vont, à l’annonce de ces difficultés faire des « provisions » ce qui automatiquement accentue la pénurie.

Du coup, le ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert se fend d’un communiqué rassurant pour calmer les ardeurs, et explique que « la production de lait va remonter puisque nous arrivons dans la période automnale et hivernale. Nous allons revenir sur une collecte beaucoup plus importante et donc je pense que les choses vont revenir progressivement dans l’ordre ».

En attendant, il va falloir mettre un peu plus la main au porte-feuille pour tartiner sa biscotte.

Crédit photo : Phil

 

 

 

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La Rédaction