Les révélations sur les agissements du producteur hollywoodien Harvey Weinstein, semblent ne plus en finir. Au-delà des actes inqualifiables, ce qui frappe, c’est toute la machinerie mise en place à la fois pour alimenter et dissimuler les agissements. C’est une sorte de vaste réseau mêlant de très nombreuses personnes, que le « New York Times » a passé au crible pour comprendre comment ses agissements ont été passés sous silence pendant des années.
C’est une très vaste enquête réalisée à partir de 200 entretiens, de documents et de mails, qui n’avaient pas été divulgués, que le New York Times a menée. Elle démontre parfaitement comment Weinstein, a construit, utilisé et profité, pendant des décennies, de ses relations, notamment dans le monde des médias, pour se protéger, et éviter toutes les révélations.
On comprend mieux, à travers cette enquête pourquoi de nombreuses personnes n’ont rien osé dire. Cependant, il convient de mettre en avant les silences coupables de gens bien placés, qui n’ont fait que détourner les yeux et se boucher les oreilles.
On imagine bien le courage qu’il a fallu à certaines personnes pour oser parler. Bien pire, le sort de toutes celles qui ont osé, qui ont dénoncé durant toutes ces années, et qui ont vu leurs témoignages rejetés, voire même, être menacées et tournées en ridicule. Le mot-clé de tout ce système, c’est l’intimidation. Combien de fois le producteur a dû dire des phrases comme « un coup de fil et vous êtes fini » ou « je suis Harvey Weinstein, vous savez ce que je peux faire ? »
Ensuite, l’enquête tombe dans l’envers du décor du merveilleux monde du spectacle, et dresse des exemples de contacts que Weinstein activait une fois que la menace se mettait à exécution. C’est-à-dire, rameuter contre une personne, tous ses journalistes de bas étages, que le producteur parvenait à s’attacher, juste en leur garantissant un accès aux stars et aux soirées huppées. Il est aussi question, d’agences de comédiens, qui organisaient des rendez-vous privés entre Weinstein et ses comédiennes.
Au passage, on retrouve évidemment la complicité, parfois acquise de force, de ses collaborateurs, comme son frère Bob qui l’a couvert à coup d’argent versé, ou les assistantes chargées de faciliter les rencontres. L’une d’elles a expliqué, que Weinstein aurait été au courant de ses prêts étudiants, et de l’école dans laquelle étudiait sa jeune sœur, menaçant de pouvoir la faire diplômer ou expulser à son gré.
La complicité est donc à tous les étages, dans tous les rouages, et finie tout en haut par le biais de la politique. Elle atteint le couple Clinton et ses équipes de campagnes, qui ont bénéficié de ses dons généreux, et de son carnet d’adresses de stars hollywoodiennes. On peut imaginer qu’une fois au sommet, le processus de complicité redescend et arrose une nouvelle fois tous les étages.
Cette histoire regroupe donc sexe, argent, perversion, opportunisme, mais aussi la bassesse et la veulerie. Tout ce qu’il faut pour un vrai scénario de film hollywoodien, et pour une fois Weinstein, sera à l’honneur, mais pas en tant que producteur.
Crédit photo : BipHoo Compagny