Tous les participants au Dakar, n’ont pas les mêmes objectifs. Certains visent concrètement la victoire, et possèdent de gros moyens, y compris financiers pour y arriver. D’autres, ont des objectifs plus modestes à la hauteur des moyens engagés. L’essentiel réside dans la participation, et la satisfaction d’être allé jusqu’au bout de leurs moyens. Cependant, le Dakar peut être aussi un temps pour faire des analyses et quelques études scientifiques, afin de comprendre les réactions du corps humain face aux conditions extrêmes.
C’est l’objectif que s’est fixé une équipe de scientifiques. Dans cette équipe, Benoît Mauvieux est enseignant-chercheur à l’université de Caen, et avant la course, il a équipé les 45 véhicules des concurrents volontaires, d’une pastille qui enregistre 700 fois la température à l’intérieur de l’habitacle des voitures.
Ensuite, à chaque départ d’étape, des cobayes prennent une pilule pour enregistrer toutes les minutes la température à l’intérieur du corps durant les différentes épreuves dont certaines sont très longues, ou se déroulent dans les hautes altitudes de la Cordillère des Andes bolivienne.
Ces données prises dans des conditions extrêmes, seront récupérées à la fin de l’étape, en plaçant un appareil sur le ventre des concurrents. Elles permettent de comprendre les réactions du corps humain face aux conditions difficiles de la course.
Cette étude, est une première mondiale, qui pourrait éviter le tragique accident du Dakar 2015. Le motard polonais Michal Hernik est mort d’hyperthermie. Son corps a été retrouvé complètement déshydraté à côté de sa moto.
Cependant, Benoît Mauvieux, qui souhaite faire progresser la recherche dans ce domaine, ne souhaite pas s’arrêter là, et il veut étendre sa démarche à d’autres sports, « comme les marins engagés dans des courses très rapides ». Il souligne, « je trouve que l’humain est assez peu présent sur la performance alors que c’est l’humain qui conduit la machine ».
Même le monde du football est intéressé, et la FIFA a demandé à Benoît Mauvieux, de faire la même étude sur les footballeurs de la Coupe du monde en Russie, l’été prochain.
La démarche ne devrait pas se limiter au monde sportif, et les nombreuses données recueillies et les conclusions qui en découlent pourraient servir à d’autres professions. Benoît Mauvieux, explique que cela pourrait concerner par exemple ceux « qui travaillent sur les plateformes logistiques de distribution alimentaires où ils se retrouvent exposés à des températures de −26°C ou pour les pompiers qui, on le sait, travaillent parfois dans des conditions extrêmes ».
Crédit photo : Eric POTHIER