Les choses sont rarement noires et blanches, et chaque évolution comporte son lot de conséquences qu’il ne faut pas refuser de voir. C’est dans ce sens-là, que le dernier ouvrage, « La Guerre des métaux rares » de Guillaume Pitron est intéressant, il rappelle les dessous, et les conséquences de ce que l’on appelle, la transition énergétique et numérique qui n’élimine pas complètement la pollution, mais la déplace.
Les nouvelles technologies, utilisent de nouveaux matériaux, que l’on qualifie de rares. L’Union européenne en fournit une liste de 27. La recherche et l’extraction de ces métaux amènent les mêmes problématiques environnementales et géopolitiques, que l’extraction de n’importe quel métal. Ce sont des minerais présents en quantité infime dans la croûte terrestre, et le plus souvent naturellement mélangés à d’autres métaux plus abondants. Pour en obtenir quelques kilos, il faut extraire des tonnes de terre.
Il ne faut pas confondre énergie renouvelable et énergie verte. Les énergies renouvelables sont, elles aussi tributaires de l’extraction de métaux sales. L’exemple le plus classique, est la voiture électrique. Si son fonctionnement et son utilisation, peuvent s’enorgueillir du titre « zéro émission ». Sa construction et son cycle de vie, génèrent au bout du compte, presque autant de carbone qu’un diesel. Il en est de même pour un courriel derrière lequel, se cachent des milliers de kilomètres de câbles de cuivre.
Dans son livre, Guillaume Pitron explique, que si la réflexion autour de l’énergie est indispensable, toute cette valse autour de la transition énergétique est menée d’abord au nom de considérations économiques. La Chine, qui a récupéré la majeure partie de la production de ces métaux depuis que l’Occident a jugé sa production trop sale, s’en sert maintenant comme moyen de pression.
Pour remédier à cela, la recherche de nouvelles exploitations, se déplace vers les océans, et même les astéroïdes. En 2015, Barack Obama a autorisé les citoyens américains à devenir propriétaires d’astéroïdes pour exploiter des gisements de métaux rares. Fini l’utopie voulant que l’espace soit un bien commun de l’humanité.
Encore une fois, c’est la fuite en avant, une pseudo « transition énergétique » qui nous permet de croire en la possibilité de continuer nos habitudes de consommation, la recherche de toujours plus de confort technique de vie, au détriment de nouveaux horizons à exploiter, à détruire, plutôt qu’à utiliser et à améliorer, et surtout loin de notre quotidien et de notre champ de vision.
Crédit photo : Azzura Lights