La déflagration de l’affaire Harvey Weinstein, continue et nombreuses sont les conséquences. Cela va, de la mise en accusation d’une floppée de personnalités, des révélations, et des déclarations en tous genres, jusqu’à la mise en place de différentes mesures concernant le harcèlement sexuel dans le monde entier. Bizarrement, au milieu de tout cela, si le magnat d’Hollywood voit son empire d’effriter, il reste toujours en liberté malgré les accusations qui s’amoncellent.
Le premier élément, qui explique en partie cela, réside dans la prescription des faits. En effet, si les témoignages se sont multipliés depuis quelque temps, nombreux sont les cas, dont les faits remontent à plusieurs années, voire plusieurs décennies, et aux Etats-Unis, la loi sur le délai de prescription diffère d’un Etat à un autre. Si la justice veut poursuivre Harvey Weinstein, elle doit le faire dans certains Etats où le délai de prescription est plus large, ou faire évoluer des textes de loi.
A ce titre, la difficulté est à l’image de ce qui se passe en France, où le fondateur de Miramax a également sévi. Le délai de prescription est passé de trois à six ans, mais il n’y a pas de rétroactivité. De nombreux faits pourraient être classés sans même que la justice, si elle se saisit de l’affaire un jour, ne puisse s’appuyer dessus.
Deuxième notion à intégrer, la notion de « doute raisonnable », à laquelle les avocats ont souvent recours dans ce type d’affaires outre-Atlantique. Il s’agit pour la défense de remettre en cause la crédibilité de la victime. Ce que ne manqueront pas d’exploiter les avocats de la défense, qui feront face à des personnes ayant laissé passer un certain nombre d’années avant de parler, et qui pour certaines se retrouvent dans d’autres affaires même mineures. De plus, de nombreuses femmes ont fait savoir qu’elles avaient déjà eu des arrangements à l’amiable avec Harvey Weinstein, acceptant de passer les agressions ou le harcèlement sous silence, contre des sommes d’argent. Ses victimes ne pourront donc plus se pourvoir en justice.
Enfin, il reste tout simplement le pouvoir brut de l’argent. En 2015, une jeune femme, Ambra Battilana Gutierrez, met au courant la police des agissements de Weinstein. La police l’équipe d’un mouchard pour un rendez-vous durant lequel Weinstein, qui la fait venir dans sa chambre d’hôtel et avoue par la même occasion les gestes déplacés qu’il a eus lors du précédent rendez-vous. La police remettra l’affaire entre les mains du procureur new-yorkais, Cyrus Vance, qui classera l’affaire sans suite. De nombreux observateurs feront remarquer, que l’avocat de Weinstein, David Boies, a fait un don de plus de 10 000 dollars à Cyrus Vance, lors de sa campagne de réélection au poste de procureur, quelques mois après la plainte d’Ambra Battilana Gutierrez.
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