C’est un peu l’heure de faire les comptes pour Michel Sardou, qui fête ses 70 ans. Le chanteur termine sa dernière tournée, d’une carrière bien remplie. Michel Sardou, a très vite compris dans sa carrière, qu’il faut de temps en temps une bonne chanson engagée et polémique, au bon moment pour relancer la mécanique.
Le fils de Fernand et Jackie, va vite suivre leurs traces en suivant les cours de théâtre d’Yves Furet. Son premier 45 tours « le Madras », écrit par un certain Michel Fugain sort dans l’indifférence générale. C’est donc décidé, il faut faire « plus », à savoir plus provocateur, plus sexy, plus populaire, pour faire plus parler, plus écouter, et avoir plus de succès.
Cela commence avec « Les Ricains » en 1967, hymne à la gloire des soldats américains débarqués sur les côtes normandes pour combattre le nazisme, et au passage, libérer la France en 1944 de l’occupation allemande. Cette chanson sort, alors que le général de Gaulle retire la France de L’OTAN, et condamne la guerre du Viêtnam menée par les Etats-Unis. Il ordonne la censure de la chanson sur l’ORTF, dans un pays, et un temps où internet ne permet pas une deuxième vie. Cependant, Sardou a atteint son but, le voici devenu célèbre.
Politiquement, il va acquérir sa notoriété de chanteur de droite avec des prises de position sur des sujets d’actualité comme la peine de mort. « Je suis pour », évoque en fait plus la vengeance d’un père contre l’assassin de son enfant. Pour tous, Michel Sardou milite clairement pour la peine de mort. Il s’en défend, assez mollement d’ailleurs au moment où débute le procès de Patrick Henry, défendu par l’avocat Robert Badinter.
Dans la même veine, la chanson » le temps des colonies » évoque les éternels souvenirs racontés par certains anciens de la coloniale, qui se remémorent « les temps bénis des colonies » où tout était merveilleux. La chanson est à prendre au deuxième degré, mais en maintenant un flou artistique, tous les nostalgiques de l’Indochine jusqu’à l’Algérie française, y trouvent leur compte.
Rajoutons la très opportuniste chanson « le France », hymne à ce paquebot sorti des chantiers navals de Saint-Nazaire en 1960, considéré alors comme le plus beau, et le plus moderne au monde, mais qui cesse définitivement ses traversées transatlantiques en 1974 pour raisons économiques. On pourrait aussi évoquer la chanson « Etre une femme », un tantinet machiste, dans laquelle les femmes, si elles réussissent, c’est juste pour faire « bander la France ».
Justement, du côté sexy, on peut citer par exemple « les seins et tous les seins » de la maladie d’amour, qui à l’époque ne sont pas des paroles toujours faciles à inclure dans une chanson qui passe à la radio. Surtout que dans le même temps, deux femmes sont enceintes de lui, sa première femme Françoise, et sa future seconde épouse Babeth, qui accoucheront à un mois d’intervalle.
Il y en aurait bien d’autres, et il faut rendre hommage au passage à son parolier Pierre Delanoë, qui a su capter l’air du temps, la formule consacrée pour éviter de dire opportuniste. Vous combinez cela à un vrai talent, une vraie voix, et une vraie personnalité, et vous avez les secrets d’un chanteur de variétés dont le succès a certainement fait de nombreux jaloux.
Crédit photo : Kéké LMB