Bien souvent, nous remarquons et commentons les décisions de justice, que lorsqu’elles nous paraissent infondées et aberrantes. Raison de plus, pour saluer cette fois, le bon sens et le courage de ce juge fédéral américain, qui a ordonné le retour sur la liste des espèces menacées, des grizzlis du parc national de Yellowstone. Il vient certainement d’éviter, au moins provisoirement, à certains de finir en trophées de chasse.
On peut imaginer pourtant, que les sollicitations, les intimidations et peut-être même des propositions, disons de faveurs, ont dû fleurir autour du juge fédéral Dana Christensen, de l’Etat du Montana. Il s’est courageusement opposé à la décision du Fish and Wildlife Service, l’organisme fédéral, chargée de la gestion de la faune sauvage, qui voulait enlever ces ours de la liste des espèces menacées. Selon lui, cette décision était « arbitraire et fantasque« . L’agence, a notamment fondé sa décision sur des études, qui ne sont pas pertinentes, « manquant ainsi à ses obligations » de rigueur scientifique.
Cette décision, a été saluée comme il se doit par la tribu Crow et plusieurs autres tribus d’Amérindiens, qui s’opposaient à cette décision menaçant 700 plantigrades (animaux marchant sur la plante des pieds) de ce parc de l’ouest des Etats-Unis.
Le juge Christensen avait bloqué en août, l’ouverture d’une chasse au grizzli controversée, qui devait avoir lieu autour du parc de Yellowstone, dans l’Idaho et le Wyoming, pour la première fois en 40 ans. Il sauve ainsi directement 23 ours.
Au-delà de l’aspect émotionnel, et peut-être même d’une certaine portée politique de cette décision, le juge met en avant, le fait que le Fish and Wildlife Service, a outrepassé son autorité légale. Il ne peut pas retirer de la liste des espèces menacées, l’ours grizzli du Haut Yellowstone.
Tim Preso, avocat d’Earthjustice, une ONG juridique, qui portait la plainte au nom de la tribu indienne des Cheyennes du Nord et d’associations de protection de la nature, comme le Sierra Club explique, « c’est une victoire pour les ours et pour tous ceux qui viennent dans la région pour voir le grizzli dans son milieu naturel« .
Lawrence Killsback, président d’une tribu indienne, raconte « la nation des Cheyennes du Nord considère l’ours grizzli comme un parent qui mérite notre respect et notre protection. Il en va de notre responsabilité de parler pour les ours, qui ne peuvent s’exprimer eux-mêmes« .
Crédit photo : Corentin Chatelier