Un nouveau cas typique de ce que l’on appelle « les effets collatéraux ». Nous connaissons les effets de la tension au Cachemire, qui oppose l’Inde et le Pakistan sur les trajets d’avions, dont certains ont été annulés. Les effets vont aussi toucher le cinéma, avec le boycott par le Pakistan de toutes les productions indiennes, notamment celles de Bollywood. Un procédé pas inédit, ni original, car déjà utilisé par le passé.
D’un côté, le ministre pakistanais de l’Information, Fawad Chaudhry déclare « aucun film indien ne sera diffusé au Pakistan« . De l’autre, le célèbre acteur indien Ajay Devgan, a précisé que son dernier film, la superproduction « Total Dhamaal », ne serait pas diffusé au Pakistan.
Une mesure pas si anecdotique que cela, le cinéma indien est extrêmement populaire au Pakistan. En effet, l’Inde est le pays qui produit le plus de films au monde et les langues hindi et ourdou sont très proches, donc faciles à comprendre. De fait, les productions de Bollywood représentent 60 % de la consommation cinématographique du pays.
Conséquence immédiate, Cinepax, la première société d’exploitation de salles de cinéma du Pakistan, a été contrainte de remettre à l’affiche des vieux films pakistanais, et de réduire le prix des places pour attirer des spectateurs.
Il faut revenir à 1965, pour retrouver un boycott semblable. Cependant, il a duré 40 ans. D’ailleurs de nombreuses salles de cinéma à travers le pays avaient fini par être transformées en centres commerciaux, ou en salle des fêtes.
Le paradoxe, c’est qu’en fait la région du Cachemire est une sorte de référence commune pour les 2 pays. Si cette province est maintenant en partie Pakistanaise et Chinoise, et pour beaucoup de ses habitants de confession musulmane, elle reste importante aux yeux des Indiens. Ingrid Therwath, journaliste à Courrier international et spécialiste de l’Inde, explique « dans la culture indienne, le Cachemire fait figure, avec ses montagnes et ses vergers et de par son histoire, de paradis perdu. Dans de nombreux films, c’est au Cachemire que se déroulent les scènes de danse qui sont un peu comme des intermèdes rêvés« .
Pour l’anecdote, il faut savoir que les événements, notamment dans les années 90, ont d’ailleurs souvent poussé Bollywood à tourner certaines scènes censées se dérouler au Cachemire…en Suisse.
Crédit photo : Seb