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Union des populistes, la vision séduisante, mais un peu irréaliste de Salvini

Mattéo Salvini, a des envies de grandeurs et il semblerait que les limites de son Italie ne le satisfassent plus. Il intervient de plus en plus au niveau international et se verrait bien comme l’instigateur d’un grand rassemblement de l’extrême droite à l’échelle communautaire. Ce rêve pourrait se heurter très rapidement à une évidence, ces Partis ont bien un ennemi commun, à savoir l’Europe, mais guère de points communs sur de nombreux sujets.

En effet, la tactique politique de Matteo Salvini à l’encontre de la Communauté européenne, passe dans un premier temps par la création d’un grand groupe politique eurosceptique au Parlement européen. Ensuite, il s’agit d’avoir des relais influents à la Commission de commissaires souverainistes de droite radicale. Avec les 2 conditions réunies, il pourrait peser sur les politiques de l’Union et la faire évoluer vers sa vision des choses.

Pour cela, il faut être le leader de la coalition incluant sa famille politique, avec le mouvement Cinq Etoiles. En dehors des frontières, il est en relation avec le FPÖ autrichien, le Fidesz du Hongrois Viktor Orban ou encore le PiS polonais. Il rencontre aussi de nombreux dirigeants de Partis similaires, comme Marine Le Pen.

Cependant, on peut se demander ce qui pourrait advenir de cette alliance si par exemple l’Italie, continue à réclamer plus de solidarité communautaire afin de répartir le traitement des demandes d’asile entre les vingt-sept. On sait, que la Pologne, la Hongrie, l’Autriche, et d’autres amis de Salvini, sont plutôt partisans de laisser se débrouiller le premier pays d’accueil.

Ce n’est pas la seule divergence notable. Dans les pays de l’Est, on reste attaché au budget communautaire, c’est-à-dire à la solidarité financière qui leur permet de recevoir jusqu’à 4 % de leur PIB par an, alors qu’à l’Ouest, les Partis d’extrêmes droites veulent sa disparition.

On peut continuer en opposant, certains Partis d’extrême droite qui sont ultralibéraux, pendant que d’autres, comme le RN, sont étatistes. Enfin, que dire sur les différentes approches de la cohésion nationale entre les régionalistes forcenés de la Ligue ou du N-VA belge et la prédominance jacobine du Rassemblement National.

On peut rajouter à ces questions de fond, les approches tactiques et purement politiciennes. Le Fidesz d’Orbán, n’a aucune intention de quitter le Parti populaire européen (PPE). On imagine, que le PiS polonais, tout comme le FPÖ ou la N-VA qui font tout pour gagner en respectabilité chez eux, acceptent de s’asseoir à côté des enfants terribles, comme le Vlaams, qui veut l’indépendance de la Flandre.

Même constat à la Commission qui se tient à 27. Même si la Pologne et l’Italie envoient un commissaire de droite radicale ou d’extrême droite, cela ne bouleversera pas les équilibres, les décisions s’y prenant à la majorité simple. Rajoutons qu’en plus, il y a déjà eu des commissaires eurosceptiques qui se sont en général comportés comme de parfaits Européens.

La liste des divergences serait presque plus longue que celle des connivences. Il ne faut pas oublier avant tout que ces Partis ont comme fond commun, le repli sur soi, la recherche de son intérêt avant tout et une certaine forme d’égoïsme. Des paramètres très difficiles à conjuguer avec les concepts d’alliance, de rassemblement et de partage.

Crédit photo : Politica Italia

 

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La Rédaction