En matière de rhum, les classiques places fortes que sont l’Amérique latine, les Caraïbes ou les îles françaises, vont devoir faire avec des nouveaux venus. Des pays, comme la Thaïlande commence tout doucement à affiner leur production. Il en est de même pour le continent africain qui prend peu à peu sa place dans le monde des spiritueux de canne à sucre.
Bien sûr, il n’est pas encore question de rivaliser, mais il convient tout de même de ne pas ignorer une production qui gagne en qualité tous les jours. L’Afrique, a son histoire avec l’industrie rhumière, et des savoir-faire multiples dans ses pays.
Victoria Mwanzi, fait partie de ces personnes qui oeuvre pour le développement de la production. Elle a partagé une terrible constatation. Contrairement à d’autres parties du monde, l’Afrique ne pouvait pas s’enorgueillir d’un alcool comme le saké de l’Asie, le gin anglais, le cognac français ou le bourbon américain.
Cette Kényane, a fondé l’African Rum Guild (Fédération des rhums d’Afrique), pour faire découvrir et reconnaître l’industrie rhumière sur le continent. Cette reconnaissance est importante, car pour elle « il n’y aurait pas de rhum s’il n’y avait pas d’Afrique ». Le rhum n’est pas le produit le plus représentatif du continent, mais par le biais de l’esclavage, en Afrique notamment, il fait partie de son histoire et a permis la commercialisation de la canne à sucre dans le monde.
La marque de la colonisation a fortement et durablement réglementé le rapport des peuples d’Afrique avec l’alcool en général. Durant des décennies, l’écrasante majorité des boissons alcoolisées autorisées, n’étaient que des boissons importées d’Europe. Les liqueurs indigènes étaient considérées d’office, comme médiocres et donc illicites.
Il a par exemple fallu attendre 2010 au Kenya, pour que le chang’aa, un rhum parfumé indigène, qui titre à 50° redevienne légal.
De très nombreux pays, ont leur propre production locale de rhum, qui reste à découvrir. L’African Rum Guild, poursuit son patient travail de reconnaissance en collaboration avec les gouvernements nationaux, pour organiser au mieux cette industrie et convaincre avant tout les Africains eux-mêmes, de la valeur de leurs liqueurs de canne.
Au bout du compte, il s’agit de se faire une place dans un vaste marché. Cependant, c’est un travail en profondeur qui va prendre beaucoup de temps. En attendant, si on vous propose un rhum africain, ne faites pas tout de suite la moue, goûter avec modération pour vous faire votre idée.
Crédit photo : narain jashanmal