Le syndicat étudiant doit faire face à un nouveau coup dur avec la démission collective de 86 de ses membres. Cela représente 20 % des représentants du syndicat étudiant. Ces « partants » sont issus pour l’essentiel, de la Tendance unité et action syndicale (TUAS) proche des communistes, mais aussi une partie de la mouvance majoritaire.
L’UNEF, a très longtemps représenté le syndicalisme étudiant. Pourtant, ce n’est plus vraiment le cas depuis quelque temps, car le syndicat étudiant historique, proche de la gauche subit une érosion, qui suit l’évolution de la société.
Le syndicat n’était déjà plus le numéro 1 depuis 2 ans, il avait été détrôné par la Fage, l’organisation étudiante de centre-gauche. Ces démissions vont une nouvelle fois lui coûter cher en vue des élections importantes au Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche (CNESER).
A cela, il faut rajouter quelques problématiques internes, et quelques scandales, qui obscurcissent nettement son image. Des affaires de harcèlement sexuel ont été révélées. Maryam Pougetoux, la présidente de l’UNEF à Paris-IV, a fait sensation en apparaissant avec un hijab, voile qui encadre le visage. Enfin, le syndicat se serait bien passé de ses deux membres, qui ont violemment moqué le recueillement national qui a accompagné l’incendie de Notre-Dame de Paris.
Cependant, les raisons de ces derniers départs sont avant tout politiques, et de stratégies de fonctionnement. Les partants expliquent, « nous refusons d’avoir pour rôle d’être la maison commune de la gauche » sur les établissements d’enseignement supérieur. Il réaffirme une vision un peu oubliée et plus radicale du syndicalisme qui veut que l’identité syndicale soit avant tout une identité de classe. Il doit défendre « le besoin de la classe ouvrière de s’organiser et lutter pour dépasser sa condition d’exploitée ». En partant, ils peuvent désormais déposer une liste au CNESER avec des syndicats locaux de telle ou telle université pour obtenir des subventions publiques et créer leur nouvelle organisation.
De toute façon, le positionnement de l’UNEF devient contradictoire, car elle est en régression et de moins en moins présente sur les campus. Son passé majoritaire lui maintient une représentation qui n’est plus de mise. Les critiques expliquent, « ne pouvant plus compter sur des équipes syndicales fortes sur la majorité des facs, l’UNEF ne se concentre que dans la représentation politique et médiatique, et des rendez-vous ministériels pour négocier des miettes et se donner artificiellement de la légitimité ».
Dans la difficulté, les vieilles divergences reviennent. En 2001, l’UNEF avait réussi sa réunification entre l’UNEF-ID et une partie de l’UNEF-SE, et ainsi consolidé sa première place dans les élections. Cette union est actuellement mise à mal et les divergences refont surface. Mélanie Luce, tente de minimiser l’importance de ses départs. Pour elle, seuls 13 à 14 % des membres de l’UNEF seraient en réalité partis.
Elle fait remarquer aussi, que la TUAS présente sa démission alors que cette tendance était directement impliquée dans l’affaire des tweets de Notre-Dame de Paris. Ces derniers devaient passer en juin devant une commission disciplinaire interne. Cette démission n’est peut-être pas un hasard.
Du côté de certains militants, on est moins nuancé et on se dit qu’après tout, « bon débarras. Cela va nous permettre de faire le ménage. Leur tendance n’existe qu’en critiquant en permanence la tendance majoritaire ».
Crédit photo : priscilla-du-preez