‘utilisation de la voiture fait de plus en plus débat surtout pour les déplacements urbains. A ce sujet, de nombreuses villes essayent de promouvoir des solutions alternatives, comme les transports urbains, le vélo et bien d’autres. Un des arguments utilisés, en dehors de celui purement écolo, est souvent le coût engendré par ces trajets. Malheureusement, sur ce terrain essentiel, les tarifs très bas pratiqués par les chauffeurs Uber ou Lyft prennent à contre-pied cette argumentation.
De nombreuses analyses, sont faites pour étudier les conséquences de l’arrivée massive de ces chauffeurs « freelance ». Leurs tarifs, ultra compétitifs poussent de nombreuses personnes à finalement opter pour cette solution à la place des déplacements à pied, à vélo ou en transport en commun. Dans la ville de San Francisco, cela a contribué à une hausse importante des embouteillages en centre-ville.
Selon une étude publiée dans la revue Science Advances, les données sont claires. La vitesse de déplacement moyenne a baissé dans le centre de San Francisco de 13 % entre 2010 et 2016 et c’est principalement à cause des VTC. L’étude, met en avant pour expliquer un fort accroissement des encombrements par, non seulement les courses faites par ces chauffeurs, mais aussi les VTC vides qui roulent en attente de clients, un phénomène appelé « deadheading ». Il faut rajouter à cela, les ralentissements provoqués par « l’effet prise en charge et dépose », lorsque les véhicules s’arrêtent pour prendre ou déposer un passager.
Bien sûr, il peut y avoir d’autres raisons, par exemple un boum de la vente en ligne et donc des livraisons par véhicule. Cependant, à San Francisco, en six ans, les retards dus aux embouteillages ont augmenté de 62 %. Cette augmentation se serait limitée à 22 % sans les VTC. « Deux tiers des VTC sont des voitures ajoutées sur les routes et qui ne seraient pas là autrement« , dit à l’AFP Greg Erhardt, professeur d’ingénierie civile à l’université du Kentucky.
Comme on peut l’imaginer, Uber et Lyft qui se partagent le marché de la ville américaine ne sont pas vraiment d’accord. Pour eux, leurs services aident à réduire la congestion automobile en permettant le partage des trajets entre plusieurs clients. L’autre argument des VTC est qu’ils pallient le manque de transports en commun la nuit. Cependant, une nouvelle fois Greg Erhardt fait remarquer que les données montrent qu’ils engorgent les rues fortement aux heures de pointe, vers 7 ou 8 heures du matin et 17 à 18 heures.
En tout état de cause, il sera difficile de faire reculer des applications aussi populaires et pratiques comme celles-ci. Le recours à une interdiction, même sectoriel va apparaître surtout dans le pays de la libre entreprise comme un diktat absolu et sera particulièrement impopulaire. La solution passe certainement par des mesures immédiates comme l’éventualité d’une taxe sur les trajets individuels des VTC. Cela va peut-être pousser d’autres agglomérations à définitivement envisager l’urbanisme et les transports sous d’autres angles.
D’un mal, pour le transport et la pollution, sortira peut-être une bonne solution.
Crédit photo : Willian Lo