Comme souvent hélas, il faut une catastrophe pour faire ressortir des failles ou des manques. Concernant les ponts, la catastrophe de Gênes du 14 août dernier, a fait son effet. Des sénateurs ont creusé la question et se sont aperçus, qu’en fait en France au moins 10 % des ouvrages d’art posent des problèmes de sécurité.
On se pose parfois un peu la question sur les activités concrètes des sénateurs, en tout cas, en voilà quelques-uns qui n’ont pas perdu leurs temps. Ils ont pu constater d’emblée, que le nombre total d’ouvrages d’art n’est pas connu précisément et les recensements laissent à désirer. Il est question d’une fourchette, qui varie de 200 000 à 250 000. Christian Tridon, président du Syndicat des entrepreneurs spécialistes de travaux de réparation et renforcement de structures (Strres), explique « on pense tous aux grands ponts, mais il y a en France environ 200 000 ponts pour 1 million de kilomètres de route. Donc tous les 5 km, vous en avez un ».
Une situation française préoccupante
Sur ce nombre, les sénateurs estiment à 25 000 ponts en mauvais état structurel et qui posent des problèmes de sécurité, soit au minimum 10 % du total. En cela, ils complètent un rapport précédent concernant le réseau national. Celui-ci, avait estimé, que 7 % des 12 000 ponts concernés, présentaient « à terme un risque d’effondrement« .
On pourrait longuement épiloguer sur les raisons, qui ont amené à cette situation, mais il s’agit avant tout de prévenir le futur. Pour cela, les sénateurs appellent l’Etat à consacrer 120 millions d’euros chaque année pour l’entretien de ses ouvrages d’art, soit presque trois fois plus que la moyenne sur les dernières années.
Un soutien indispensable en direction des collectivités locales
Cependant, il convient de ne pas simplement guérir et réparer, il faut consolider et prévenir. Pour cela, il faut aider les collectivités locales qui ont en charge la grande majorité des ouvrages (environ 170 000). Les sénateurs préconisent la création d’un fonds d’aide aux collectivités locales, qui seraient dotées de 130 millions d’euros par an pendant dix ans, soit 1,3 milliard d’euros au total. Autre piste, une meilleure entraide entre les collectivités, à la manière des scouts, les plus grandes aident les plus petites.
Déblocage de crédit, donc d’argent, solidarité entre les collectivités, par les temps qui courent ce rapport a tout pour déplaire à de nombreuses personnes. Espérons, que la nécessité de sauver des vies l’emporte sur les simples calculs, qui nous amèneraient nous aussi, vers une inéluctable catastrophe un jour ou l’autre.
Crédit photo : ludovic charlet