Adorables, mignons, ce sont souvent les qualificatifs que l’on emploie lorsque nous voyons des jeunes enfants présenter un spectacle. Nous nous émerveillons devant tant de savoir-faire, dont nous ne les pensions pas capables. Cependant, si cela est amusant pour eux à l’occasion de la fête de l’école, lorsque cela tourne à la compétition à répétition, les choses ne sont plus pareilles.
Nous avons parfois cette réflexion lorsque nous voyons des gymnastes par exemple. Une fois la stupéfaction de la démonstration passée, on ressent un malaise en imaginant le nombre d’heures et de souffrance que cela a dû réclamer. On imagine, que le ou la très jeune gymnaste n’a pas dû avoir une enfance très facile pour en arriver là. On craint surtout, que cela ne fut pas vraiment son choix.
En Chine, ce n’est plus seulement le sport ou la performance artistique qui demande un apprentissage dès le plus jeune âge. Le mannequinat des enfants explose. Ce marché représentait un marché mondial de plus de 40,5 milliards de dollars en 2018.
En Chine, c’est surtout le symbole parfait de la volonté parfois excessive de réussite, placée dans les enfants souvent encore uniques, après des décennies de contrôle de naissances. Avec l’arrivée d’internet, le phénomène des jeunes « influenceurs », qui sont payés par des marques pour faire la promotion de leurs produits sur les réseaux sociaux, a accéléré le phénomène. De nombreux parents y voient une possibilité de gain.
Du coup, la magie s’arrête, fini le « trop chou », l’envers du décor apparaît. Les journées de travail peuvent durer 12 heures pour seulement une minute de présence sur le podium. Entre l’habillage, le maquillage, les répétitions, la journée commence à 6h et le début de la compétition à 14h et ils finissent à 15h ou 16h.
En fait, c’est tout autour que s’organise la bonne affaire. Le mannequinat a entraîné en Chine l’éclosion d’une multitude d’écoles spécialisées. Un cours particulier peut coûter jusqu’à 800 yuans de l’heure (103 euros).
Tout ceci, n’est évidemment pas sans conséquence pour la santé des enfants même s’ils ne sont pas battus. Des spécialistes expliquent, que les moins de six ans doivent pleinement vivre leur vie d’enfant faite de découvertes et d’expériences. Ils ne peuvent se contenter d’une simple routine et de contraintes trop sévères. Des psychologues expliquent aussi que « lorsqu’il travaille, le jeune mannequin doit montrer de nombreuses expressions différentes, qui sont peut-être contraires à ce qu’il ressent sur l’instant. Cela peut limiter l’essor de ses aptitudes émotionnelles et psychologiques« .
Pour commencer à réguler les choses, la municipalité de Hangzhou limite désormais le nombre d’heures de travail des enfants et elle a interdit aux moins de 10 ans d’être ambassadeurs d’une marque. Il en faudra certainement beaucoup plus pour contrecarrer l’appât du gain.
Crédit photo : pan xiaozhen