Les méandres de l’administration et ses conséquences parfois très fâcheuses, ne sont pas l’apanage de notre beau pays. Aux Etats-Unis aussi, le phénomène fait des victimes, surtout quand il est amplifié par des excès de zèle, dans un domaine où cela ne rigole pas. Un amateur de miel, a été la victime d’une méprise des services douaniers qui ont confondu son nectar artisanal, avec de la méthamphétamine pure.
Une différence, qui à première vue peut être rapidement perçue avec des analyses un peu plus poussées. Cependant, parfois les choses se compliquent bizarrement et cela a valu à Leon Haughton un père de famille de 45 ans, la bagatelle de 82 jours de détention à la suite de cette erreur d’appréciation.
L’histoire pourrait prêter à sourire, si ce n’est que les conséquences font un peu peur. Leon est installé dans l’État du Maryland depuis environ 10 ans. Comme chaque Noël, il se rend en Jamaïque pour voir sa famille, et c’est en revenant de cette visite familiale que les choses se sont dégradées. A l’aéroport de Baltimore, un chien des douanes se met à renifler son sac. Un contrôle s’ensuit et les services douaniers découvrent trois grandes bouteilles de miel artisanal.
Cependant, les douaniers soupçonnent que le miel n’est là que pour couvrir et masquer de la drogue, sous forme de méthamphétamine liquide. Il est mis en détention en attendant les résultats. Ceux du laboratoire du Maryland mettent déjà plus de deux semaines à arriver. Ils sont négatifs, et pourtant l’histoire et la détention de Leon Haughton ne s’arrêtent pas là.
Il apparaît en effet, que le laboratoire utilisé pour les premiers tests n’est pas suffisamment équipé pour analyser comme il se doit les liquides. Il faut donc l’avis d’un autre laboratoire, et celui-ci se trouve dans l’Etat de Géorgie, ce qui rallonge le délai.
Plus inquiétant encore, Leon Haughton est détenteur d’une carte verte lui permettant de résider légalement aux Etats-Unis. Or, cette arrestation prolongée a déclenché une procédure auprès des services de l’immigration. Celle-ci, intervient en plein milieu du fameux « shutdown ». Pour rappel, il s’agit de l’arrêt complet des services publics qui ne sont plus financés à cause de la confrontation entre Donald Trump et l’opposition démocrate sur le financement du mur que le président souhaite ériger à la frontière avec le Mexique. Du coup, les procédures entamées par l’avocat de Léon n’aboutissent pas.
Au bout du compte, les analyses effectuées en Géorgie confirment finalement que Leon Haughton transportait bien du miel et donc trois mois derrière les barreaux pour rien. Au-delà du traumatisme de passer des mois en prison pour rien, cet « intermède », lui a fait perdre ses deux emplois dans le nettoyage et le bâtiment.
Jamaïque, carte verte et miel, certainement une enquête qui s’est d’abord appuyée sur des a priori, plutôt que sur des faits.
Crédit photo : sonja langford