Un synode dans l’église catholique, même s’il se déroule au fin fond de l’Amazonie, cela ne passe pas inaperçu. Surtout, que les sujets évoqués au cours de celui-ci, ne sont pas anecdotiques. Les évêques, ont demandé à titre exceptionnel, de pouvoir ordonner comme prêtres, des hommes mariés d’âge mûr. Cela pourrait constituer un précédent, sur lequel le pape François doit se prononcer dans les prochains mois.
Si le cadre est exotique et peut apparaître nouveau, la thématique de son côté l’est moins. Elle pourrait être évoquée, comme un vieux serpent sinuant depuis longtemps dans les marécages de l’amazone et de la réflexion religieuse. Le fameux célibat des prêtres, qui a déjà donné lieu à de nombreux débats et de sujets de schismes.
Pour ne pas bloquer les discussions tout de suite, il a été précisé les débats à huis clos portaient sur une zone géographique précise. Cependant, il est évident que la portée des réflexions de cette assemblée ira bien au-delà du cadre régional qui lui était fixé.
Au programme du synode, une série de propositions. Parmi elles, trois retiennent particulièrement l’attention.
Pour renforcer la présence des catholiques dans la région, les « pères synodaux » demandent à titre exceptionnel de pouvoir ordonner prêtres des hommes mariés d’âge mûr. Ils seraient choisis parmi les populations autochtones d’Amazonie et qui parlent donc une langue locale.
Sur le terrain, on constate que deux tiers des communautés autochtones sont sans prêtre. Ils sont donc guidés par des femmes. C’est pour cela que les évêques, ont plaidé également pour une plus grande reconnaissance du rôle-clé joué par ces dernières. Il faudrait leur donner la possibilité de célébrer des sacrements, sauf l’eucharistie et la confession aux femmes.
Enfin, régionalisme oblige, les « pères synodaux » souhaitent une affirmation claire de la richesse de la culture, des rites et des objets liturgiques des peuples autochtones. Cela pourrait déboucher sur « un rite amazonien », à l’instar de plus d’une vingtaine d’autres rites existants.
Pour nombre de participants, ce synode était perçu comme un point de départ vers une Eglise, plus à l’écoute de la réalité du terrain, suivant le modèle prôné par Jorge Mario Bergoglio depuis le début de son pontificat.
Bien sûr, tout le monde ne voit pas les choses ainsi. Plusieurs évêques conservateurs, notamment en Europe ou en Amérique du Nord, craignent l’abandon de certaines règles. Le cas, comme celui de ce synode, pourrait déboucher sur une multiplication des exceptions.
Le cardinal américain Raymond Burke, a annoncé à la mi-septembre, « une croisade de quarante jours de prières et de jeûne » contre le document du synode truffé « d’erreurs théologiques et d’hérésies ». L’Allemand Gerhard Müller, juge que le texte ne se base pas sur « les fondements bibliques », mais sur des « nécessités sociologiques putatives du monde globalisé ». Son compatriote le cardinal Brandmüller, s’interroge quant à lui, sur ce que « l’écologie, l’économie et la politique » ont à voir avec la mission de l’Eglise.
Et d’ailleurs, qu’elle est donc la mission de l’église ?
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