Il y a environ 1 an, des jumelles chinoises sont nées d’embryons génétiquement modifiés par les ciseaux moléculaires « Crispr » co-inventés par la chercheuse française Emmanuelle Charpentier. Comme hélas on pouvait le craindre, l’outil est finalement moins stable qu’on le pensait. De fait, les deux jumelles chinoises ont probablement des mutations imprévues dans leur génome à la suite de cette manipulation.
En novembre 2018, le scientifique He Jiankui, tente ce que personne n’avait encore osé, d’une part, à cause des risques et du manque de certitude sur les conséquences. D’autre part, l’implication morale et éthique de la pratique. C’est à Hong Kong, que le scientifique avait modifié des embryons dans le cadre d’une fécondation in vitro pour un couple. Le but était de créer une mutation de leurs génomes, qui leur conférerait une immunité naturelle contre le virus du sida (VIH) au cours de leur vie.
Il faut noter, que d’autres alternatives sont possibles pour empêcher leur contamination par le père séropositif, donc l’intervention n’était nullement celle de la dernière chance. C’est pour cela, que la communauté scientifique internationale et les autorités du pays, avaient vivement condamné cette expérience.
Selon un journaliste américain qui a obtenu une version non publiée de l’étude détaillant l’expérience, celle-ci est loin de donner une complète satisfaction. En effet, le texte de l’étude ne semble pas confirmer que la mutation tentée, sur une partie du gène CCR5, a effectivement réussi. Plus grave encore, les jumelles ont subi des mutations ailleurs dans leur génome, et probablement différentes d’une cellule à l’autre, ce qui rend les conséquences imprévisibles.
Cela confirme que si « Crispr » est une technique révolutionnaire de modification du génome, elle se révèle encore loin d’être parfaite pour être utilisée à des fins thérapeutiques.
Le professeur de génétique Kiran Musunuru, de l’université de Pennsylvanie, conclut, « il y a énormément de problèmes dans l’affaire des jumelles Crispr. Tous les principes éthiques établis ont été violés, mais il y a aussi un grand problème scientifique, il n’a pas contrôlé ce que Crispr faisait, et cela a créé plein de conséquences imprévues ».
Crédit photo : Martin Jolicoeur