Si on prononce le mot espion, notre imaginaire se met immédiatement en marche. A grands coups de James Bond, on imagine des scénarios rocambolesques dans des lieux exotiques. La réalité est évidemment plus terne et plus classique. Elle peut même se passer en bas de chez vous.
La preuve, avec cette histoire de quinze officiers du renseignement militaire russe (GRU), qui se sont terrés en Haute-Savoie. Ce n’était pas de gentils petits informateurs, mais bien des spécialistes de coups tordus, comme des assassinats. Apparemment, l’un d’eux est notamment soupçonné d’être l’auteur de l’empoisonnement à Londres de Sergueï Skripal et de sa fille.
Difficile en effet de s’imaginer, que l’espionnage russe se sert des Alpes françaises, comme base arrière pour des opérations dans toute l’Europe. C’est pourtant, ce que révèle le journal Le Monde. Bien sûr, si nous sommes au courant de ces faits et gestes, cela veut dire que cette situation est maintenant terminée. De nombreux services de contre-espionnage dont ceux de la France, mais aussi Suisses et Britanniques, ont discrètement fait leur travail.
Cependant, on peut considérer que de 2014 à septembre 2018, ils ont utilisé la région, comme base de repli et notamment, à Annemasse, Chamonix ou Evian. Ces agents n’ont pas eu de mission en France. Par contre, ils auraient opéré en Grande-Bretagne, en Bulgarie, en Crimée, en Moldavie ou encore au Monténégro. La France servant de « planque », aucun complice local n’a été identifié, ni de matériel trouvé.
Ils appartiennent à l’unité 29155 du 161e centre de formation spéciale du GRU. Le journal Le Monde stipule, « cette unité se livre désormais à l’assassinat, au sabotage ou à des tâches plus obscures, comme la relève des boîtes aux lettres mortes ». L’un des 15 agents aurait ainsi été identifié par Londres, comme un des trois auteurs de l’empoisonnement de Sergueï Skripal et de sa fille à Salisbury en Angleterre. Les deux avaient survécu, mais une habitante de la région était morte après avoir trouvé un flacon qui avait sans doute servi à transporter le produit toxique.
Il s’en est suivi un classique, mais important incident diplomatique entre Moscou et l’Union européenne. Du coup, la traque des espions a été intensifiée. Dernièrement, c’est au tour de Berlin d’accuser Moscou d’être derrière l’assassinat en août d’un Géorgien à Berlin. Deux membres de l’ambassade russe, vont devoir immédiatement quitter le pays.
Crédit photo : ylegrandois