C’est un autre dossier brûlant et complexe, dans lequel le gouvernement a dû trancher. Il s’agit de déterminer les distances minimales d’épandage des pesticides. C’est un arrêté, attendu avec impatience par les nombreux acteurs du dossier. D’un côté, on retrouve le monde agricole et ses impératifs de production. De l’autre les écologistes, qui sont inquiets des conséquences des épandages.
A partir du 1er janvier 2020, ces distances devront être au minimum à 5 et 10 mètres des habitations, selon les types de cultures. Ces distances ont été fixées d’une part, suite à une consultation publique. D’autre part, elles suivent les recommandations de l’Agence française de sécurité sanitaire (Anses). Plus précisément, il s’agit donc de 5 mètres pour les cultures dites basses, comme les légumes et céréales et dix mètres pour les cultures hautes, fruitiers ou vignes.
Le gouvernement prend ses responsabilités
Des exceptions seront prises en compte. Par exemple, elles pourront agrandir la distance à 20 mètres pour certains produits plus dangereux. A noter, que parmi ces produits particuliers qui ne représentent qu’environ 0,3 % des substances actives utilisées, on ne retrouve pas le glyphosate. A contrario, cette distance pourra se réduire à 5 mètres pour l’arboriculture. Elle descend même à 3 mètres pour la « viticulture et les autres cultures ». Dans ce cas, la proximité d’établissements accueillant des « personnes vulnérables (écoles, hôpitaux, maisons de retraite…) fera figure d’exception.
Des mesures qui ne satisfont pleinement personne
Pour établir cette réglementation, le gouvernement prend en compte les souhaits contradictoires des grands syndicats agricoles et des groupes de pression environnementalistes. Comme souvent en pareil cas, cet exercice d’équilibre contente un peu tout le monde, mais ne fait plaisir à personne.
De fait, les critiques fusent du côté des ONG, comme Générations futures. Elles dénoncent « des mesurettes qui n’apaiseront en rien les situations locales« . Même son de cloche pour la Fondation Nicolas Hulot, qui explique que ces mesures « ne répondent pas aux enjeux de santé publique et de protection de l’environnement« . Pour sa part, la Confédération paysanne en rajoute et déclare, que les mesures proposées vont juste « dédouaner le gouvernement de sa responsabilité à protéger la population« .
De l’autre côté de l’échiquier, Eric Thirouin, secrétaire général adjoint FNSEA réagit aussi négativement. Pour lui, il s’agit d’une « incompréhension totale de la mesure de distances incompressibles de 20 mètres, ce qui est le double de ce qui était prévu« . Il précise que les membres du syndicat « vont se réunir à la rentrée pour définir une stratégie ».
L’épandage, une pratique peu réglementée dans le monde
En attendant, avec ces mesures, la France rentre dans un club très fermé, celui des pays qui ont légiféré en la matière, et ils sont très peu en Europe. On trouve la Slovénie, l’Italie et quelques Länder allemands. De plus, des aides à hauteur de 25 millions vont aider sa mise en place. Le gouvernement, assure vouloir accompagner les agriculteurs dans ces changements.
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