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En Allemagne, l’urgence écologique contre le malaise paysan

Lorsque l’on évoque les manifestations, on pense immédiatement à la France. C’est la même chose lorsque l’on évoque des manifestations paysannes. Cette fois, c’est en outre-Rhin que les choses se passent. Comme dans d’autres pays, les préoccupations des écologistes se heurtent aux impératifs agricoles. Dans ce pays souvent cité pour sa vision écologiste et sa gestion sereine des crises, il se trouve que les rues de Berlin, ne sont pas vraiment calmes. Agriculteurs et écologistes, se succèdent pour manifester et affirmer leur point de vue.

C’est un symptôme classique des tensions entre un monde paysan en crise, et une opinion publique toujours plus sensible aux questions environnementales. En Allemagne, c’est dans une ambiance très tendue, que des rassemblements contradictoires ont eu lieu. Berlin a eu d’abord droit à son défilé de tracteurs avec différents des slogans. On retrouve certains du type, « n’oubliez pas que l’agriculture vous nourrit », « agriculteurs ruinés, aliments importés », « vous ne faites rien, mais vous savez mieux que nous ». Ensuite, la ville est passée du côté des partisans du changement du modèle agricole. Ils ont suivi l’appel du collectif écologiste « Wir haben es satt » (On en a marre).

Des agriculteurs qui ont peur pour leur avenir

En toile de fond de ces défilés, il y a la « Grüne Woche ». C’est le salon de l’agriculture allemand, qui réunit les exploitants de tout le pays. C’est l’occasion de mesurer l’écart grandissant entre agriculteurs et écologistes dans l’Allemagne actuelle. Les principales organisations agricoles, craignent que le durcissement des règles environnementales aggrave leurs difficultés économiques et limite leur compétitivité. Ils se sentent les sacrifiés d’une orientation politique très clairement en faveur de l’écologie. Le gouvernement agissant pour prendre en compte les mobilisations écologistes pour le climat.

Et des écologistes qui ont peur de l’avenir tout court

Parmi les dernières mesures prises, on retrouve les restrictions d’usage de fertilisants, pour lutter contre la pollution des cours d’eau, et le « plan de protection des insectes » annoncé début septembre par le gouvernement d’Angela Merkel. Pourtant, les mesures sont le fruit de nombreuses négociations entre les ministères de l’Environnement et de l’Agriculture. Ce programme intègre l’interdiction de l’usage du glyphosate d’ici 2023, et l’interdiction avant 2021 des herbicides et insecticides dans les zones « vulnérables d’un point de vue écologique« . Concernant l’élevage, le bien-être animal n’est pas oublié et il est prévu que certaines pratiques, comme le broyage des poussins et la castration à vif des porcs, soient terminés d’ici 2021.

Un compromis difficile à trouver et pourtant important pour l’avenir de tous

Les écologistes, en veulent bien sûr plus. Ils sont pour le retour de petites exploitations, qui tiennent compte de la « protection des sols », de la « biodiversité » et du « bien-être animal. Inadmissible et utopique, pour les agriculteurs, qui considèrent que ces gens n’ont rien à voir avec l’agriculture et n’y comprennent rien. Ces règles, vont surtout menacer les entreprises agricoles allemandes, et vont surtout provoquer l’arrivée de denrées alimentaires étrangères.

Pourtant, les 2 tendances se rejoignent justement sur la lutte contre un libre-échange sauvage. Ils sont contre l’accord entre l’Union européenne et le Mercosur. La ministre conservatrice de l’Agriculture, Julia Klöckner, a de son côté appelé à « construire des compromis » entre « la ville et la campagne ».

Crédit photo : Wir haben es satt!/Meine Landwirtschaft

 

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La Rédaction