Cette affaire, est hélas qu’un parfait exemple de la gabegie qui peut régner autour de l’exploitation des ressources minières ou énergétiques en Afrique. Les révélations ne sont pas prêtes de se terminer. Elles concernent les dettes de la société nationale des pétroles du Congo (SNPC). Tout ceci, est d’autant plus terrible que les conséquences vont avoir des répercussions sur les finances du pays et entretenir sa dette.
C’est une étude de l’ONG Global Witness, qui met l’accent sur l’ampleur de cette dette. Cette même étude, révèle également des pratiques de gestion, plus que limites. Si l’ONG, a analysé les comptes de la Société pétrolière congolaise, le Fonds monétaire international (FMI), a exigé qu’ils soient rendus publics en contrepartie de la reprise de son aide. Il apparaît donc, que la SNPC a une dette de 3,3 milliards de dollars. Elle doit cet argent principalement à des compagnies pétrolières étrangères, telles que Total, ENI ou Chevron, et à plusieurs banques. Cette dette va s’ajouter à celle due par l’État congolais aux traders pétroliers. On comprend alors parfaitement, que les Congolais ne soient pas prêts de voir globalement la situation de leur pays s’améliorer d’un seul coup. Cela peut aussi expliquer certaines mesures un peu étranges prises, pas forcément à leurs avantages.
Une gestion douteuse au service de partenaires pétroliers
La gestion calamiteuse de la SNPC, n’a rien d’une vraie surprise. Les accords pris avec les compagnies pétrolières étrangères, lui sont trop défavorables. Les accords permettent à ces compagnies étrangères de facturer des frais hors-normes à la SNPC. Par exemple, il n’est pas rare qu’elle prenne en charge les frais de logements, de déplacement, et autres des employées de ces compagnies. On imagine alors, la tentation de s’en donner à cœur joie, puisque ce n’est pas la compagnie qui paye. Résultat de 2012 à 2018, la SNPC n’a quasiment versé aucun dividende à l’État et elle n’a réalisé que des bénéfices insignifiants par rapport à ses ventes de pétrole. En contrepartie, elle s’est endettée en payant grassement sa collaboration avec les compagnies pétrolières et certaines banques.
Des prêts octroyés en dépit du bon sens et à des destinataires inconnus
Il faut rajouter à cela, que la compagnie prête de l’argent à ses filiales sans vrai contrôle de son utilisation. Elle octroie aussi des prêts plus que douteux à des « entités qui ne sont pas identifiées ». Autrement dit, c’est de l’argent prêté à un peu n’importe qui, ou peut-être juste à des personnes qui veulent rester discrètes. Tout cela bien sûr, sans beaucoup de risques jusque-là, car l’État congolais a certainement été prié de fermer les yeux ou de regarder ailleurs. Le dernier audit pétrolier remonte à 2005. Global Witness, préconise que le FMI doive inclure la dette de la SNPC dans le montant global de la dette publique congolaise. Celle-ci grimperait alors de 30 %, mais cela donnerait une vision plus proche de la réalité.
Crédit photo : Bakri Muganga