Ça transpire !

Football : bataille de droits TV et intérêt pour le championnat national

En pleine trêve des différentes compétitions, due au coronavirus, c’est un autre style de confrontations que nous propose le football. L’enjeu n’est plus du tout sportif, mais exclusivement financier. Il s’agit par exemple, de la baisse de salaire des joueurs dans différents clubs. Plus près de nous, la guerre des droits télévisés a commencé dans le football français. C’est une bataille qui engage la survie financière de nombreux clubs de Ligue 1.

Dans un premier temps, comme partout, on gère l’urgence. De fait, les palabres continuent sur la continuité ou pas des compétitions en cours. Déjà, de nombreux acteurs du ballon rond, évaluent les perspectives à la vue de l’ampleur de la crise économique, qui va suivre l’actuelle crise sanitaire. En point de mire, c’est l’homogénéité du football dans ses divers échelons qui est en cause. Il est évident, que les clubs modestes sont plus menacés que les grosses écuries. Celles-ci, ne peuvent logiquement pas vraiment prendre le risque à long terme de faire cavalier seul. Pourtant, cela fait déjà de nombreuses années que les écarts se creusent. Ils profitent à une minorité, qui a tiré avantage de la dérégulation du football et de la concentration des ressources.

Grosses écuries : la tentation de la fuite en avant 

En effet, tant que la fin de saison 2019-2020 n’est pas reprogrammée, le calendrier de la saison prochaine reste à reconsidérer. Du coup, un scénario de fuite en avant se dessine, profitant de la gravité de la situation et de la sidération qu’elle provoque. Les clubs les plus riches pourraient achever la sécession qu’ils poursuivent depuis longtemps. Les conditions se prêtent à la création d’une ligue européenne privée, afin d’assurer leur suprématie et de ne plus mélanger les torchons et les serviettes. La tentation est une nouvelle fois grande, pour ces clubs privilégiés de passer définitivement dans la catégorie spectacle et son business, et en finir avec le sport et ses fédérations.

Les versements de droits TV en question 

Pour en revenir à la ligue 1, Canal+ a fait savoir qu’elle n’honorerait pas le prochain versement des droits TV de la saison. La chaîne cryptée fait valoir les cas typiques de force majeure, que l’on retrouve dans de nombreux contrats. Le diffuseur historique de la L1, ne versera pas les 110 millions d’euros, c’est-à-dire 15 % du montant annuel total. Cette somme est initialement attendue par les clubs de l’élite, bénéficiaires principaux de ce versement.

Inutile de dire, que cela va se rajouter dangereusement au déficit chronique et quasi-historique de très nombreux clubs. Cela vient s’ajouter à la suspension des matches, synonyme d’absence de revenus de billetterie. Les droits TV représentent en effet près de 36 % des recettes des clubs de L1 pour la saison 2018-2019. Ce sont de loin leur plus grande source de revenus, selon le rapport de la DNCG, le gendarme financier du football français.

Pour compléter ce triste tableau, il faut rajouter que si Canal+ est le premier à se désister, ce ne sera certainement pas le dernier. beIN Sports, l’autre diffuseur du championnat, va certainement emboîter le pas, même si le groupe qatari, qui doit honorer un versement de 42 millions d’euros, n’a pas encore souhaité communiquer sur ses intentions.

Crédit photo : Citizen59

 

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La Rédaction