L'Echo

Agriculture : la crise actuelle met en lumière les « circuits courts »

Sans aller jusqu’à dire que la situation a des bons côtés, il n’en reste pas moins, qu’elle a le mérite de rebattre les cartes dans certains secteurs. Parmi eux, on retrouve les produits agricoles. En effet, face à l’essor de la demande de livraison de produits agricoles et de drives fermiers, les agriculteurs qui pratiquaient déjà des formes de vente directe, sont avantagés. Ils peuvent ainsi plus facilement pallier le manque soudain d’autres débouchés. 
Il ne s’agit encore, que de constatations brutes, sans réelle analyse. Cependant, il est évident que face à une menace assez diffuse, le réflexe de défense accentue l’engouement pour les « circuits courts ». Ces réflexes sont, la crainte d’une pénurie, l’envie de bien cerner ce que l’on achète, et une méfiance vis-à-vis des conditions d’hygiène des grandes surfaces. On retrouve aussi, un aspect plus positif, comme l’envie d’être solidaire envers les producteurs Français.

Côté producteurs : à la recherche de nouveaux débouchés

Il faut dire, que les efforts sont faits à chaque bout de la chaîne. De leur côté, de nombreux producteurs sont en recherche de nouveaux débouchés, pour compenser l’absence des acheteurs habituels. Nombre de producteurs expérimentent ses canaux, en lançant des drives et en s’inscrivant sur les plateformes. Le marché de Rungis est un parfait exemple. Il a mis en place un site éphémère « Rungis livré chez vous », ouvert aux particuliers de Paris et de la petite couronne. Cependant, tout n’est pas possible aussi facilement et rapidement. Par exemple, la vente directe nécessite un minimum d’adaptation. Cela passe par des assurances spécifiques, ou des équipements tels que des caisses enregistreuses. Sans compter, que certains regroupements de consommateurs et producteurs, fondés sur des engagements de long terme, ne peuvent intégrer de nouveaux membres du jour au lendemain.

Côté clients : à la recherche de nouveaux producteurs

A l’autre bout de la chaîne, de nombreuses personnes découvrent les livraisons à domicile de produits venant directement de la ferme. C’est ainsi, que les « drives fermiers », ont un regain de succès. C’est ici, que l’on retire des paniers préalablement commandés sur Internet. Cela permet de réduire au maximum les contacts avec les vendeurs et d’autres clients.

Il reste à savoir maintenant, qu’elles seront les répercussions à long terme sur les habitudes de consommation. A ce sujet, Eliane Anglaret, présidente de l’association Nature et Progrès, explique « avec l’épidémie, les gens ont pris conscience de la fragilité du système économique mondialisé. Même si leur pouvoir d’achat est affecté par la crise, ils pourraient choisir de remettre l’alimentation au centre de leurs besoins. Ils ont aussi eu l’opportunité de constater la meilleure qualité des produits en circuits courts« .

Il ne s’agit pas de tout remettre en cause, il y a trop de productions pour seulement un écoulement de la marchandise par des circuits courts. Il conviendrait tout de même, de mieux équilibrer les choses. C’est certainement l’occasion de repenser une relocalisation de la production. Guillaume Riou s’interroge, « comment imaginer un territoire urbain sans territoire nourricier ? » Le président de Sica Saint-Pol-de-Léon, rajoute « cette crise est alors une excellente opportunité pour l’autonomie alimentaire« .

Crédit photo : erik jan leusink

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La Rédaction