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Coronavirus : des métiers « utiles » pour des personnes « considérées »

La pandémie à laquelle nous faisons face, a mis en lumière une évidence cruelle avec laquelle nous vivons habituellement bien. Les métiers utiles et presque indispensables socialement, sont sous-valorisés. Le constat n’est pas nouveau. L’Ancien régime, n’a pas cessé de mettre en opposition par exemple, la paysannerie et l’aristocratie. D’un côté, on trouve « ceux qui travaillent » dont l’utilité ne s’est jamais démentie. De l’autre côté, « ceux qui combattent » dont la vertu chevaleresque de défense et de protection, s’est érodée au fur et à mesure de la montée du pouvoir royal centralisateur. Après moult révolutions et mouvements sociaux depuis maintenant plus de deux siècles, nos modèles économiques, n’ont jamais véritablement remis en cause ces inégalités.

Il semblerait même, que la situation s’aggrave, ou peut-être est-ce juste le fait d’y regarder à 2 fois, qui rend la situation plus insupportable pour nombre d’entre nous. Le personnel de santé, nous alerte contre un manque caractérisé de moyens et un abandon durable. Au même moment, des métiers peu utiles, comme les footballeurs, les artistes, les traders, etc…, affichent des salaires et des gains presque inconcevables. Comme souvent, cette prise de conscience appelle à trouver un nouveau modèle capable de lutter efficacement contre ces inégalités.

Le capitalisme ne prend que peu en compte, l’utilité sociale

Cependant, avant toute chose, il faut faire attention à trop d’impulsivité, et bien comprendre les raisons qui ont maintenu cette situation au cours des siècles. En relisant simplement des auteurs comme Adam Smith, on sait que ces écarts de rémunération, ces supposées inégalités ne sont pas seulement dues à une volonté de l’exploitation de l’homme par l’homme.

Aussi bizarre que cela puisse paraître, la valeur de toute chose est inversement proportionnelle à son utilité dans la société. Pour cela, Adam Smith, prend exemple sur la valeur de l’eau et du diamant. La première est indispensable et en quantités importantes, le second est parfaitement inutile, mais rare. Il faut aussi à ce stade, prendre en compte sa valeur d’échange. C’est la même chose pour les métiers.

Il faut bien comprendre, qu’un travail ou un service utile en quantités importantes, nécessite souvent moins d’investissement à la base pour le produire, il est donc accessible à plus de personnes. Si on ramène à nos différences flagrantes actuelles, les footballeurs, ne servent à rien a priori, et donc ils sont rares. Les très bons joueurs, comme Messi ou Ronaldo, ne peuvent pas être reproduits facilement. En conséquence, ils coûtent cher et d’ailleurs peu de clubs sont capables de se les approprier.

Maintenant, imaginons le contraire. La crise du Covid-19, nous amène une valorisation sans précédent des personnels de santé, et de tous les métiers qualifiés d’utiles. Cela conduira à une augmentation de leur prix. Pour compenser, ces fortes rémunérations, il faudra obligatoirement augmenter leur coût. Il est à craindre, que seules les personnes qui auront les moyens, pourront s’offrir ces services indispensables. Pour en revenir à Adam Smith, l’eau pourtant indispensable deviendra hors de prix et inaccessible à tous.

L’argent ne fait pas la personne

Bien sûr, il y a un espace entre une revalorisation pécuniaire de certains métiers, qui serait certainement très apprécié et du meilleur effet, avec une remise en cause du système. Cependant, il ne faudrait pas se contenter d’une vision trop mercantile, et donc trop capitaliste du sujet. Il convient de se rappeler du rôle et de l’importance de la considération. Il faudra s’en souvenir pour ne pas « ruer dans les brancards » pour un oui ou un non. Prendre un peu sur soi et ne pas en venir à des noms d’oiseaux ou des adjectifs dévalorisants, lorsque nous serons dans une file d’attente interminable pour une caisse de supermarché, ou en voiture derrière le camion poubelle. La différence de salaire, ne doit pas s’accompagner d’une dévalorisation de la personne « sous prétexte de… ».

« Il n’y a pas de sots métiers, mais de sottes gens » dit l’adage. Ce n’est pas la peine de faire du bruit aux fenêtres et sur les balcons, quand on fait chaque jour du bruit dans le cœur de ceux que l’on croise tous les jours.

Crédit photo : anne-Ewald

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La Rédaction