Pour la majorité d’entre nous, le nom Hezbollah fait venir des images de gars armés, et prêts au combat. C’est logique, car c’est avant tout un mouvement politique et militaire. De fait, il apparaît dans le décor du Moyen-Orient, comme un groupe terroriste pour certains et pour d’autres, comme un Parti politique incontournable. C’est ce deuxième aspect, que le Hezbollah veut cultiver au Liban en participant à la gestion du pays. Cela ne se fait pas sans mal, car la critique est aisée, mais l’art est difficile.
Si la contestation est une situation souvent peu enviable sur le terrain, elle est souvent plus facile sur le plan intellectuel. Il suffit de prendre acte des erreurs faites, et dire que l’on ferait mieux. Cependant, la terrible explosion qui a ravagé une grande partie de Beyrouth, a mis les projecteurs sur les carences gouvernementales du pays. Or, dans le paysage politique libanais, le mouvement chiite officiellement fondé en 1982 avec l’appuie de l’Iran, apparaît. Après des années de lutte dans la guerre civile qui a frappé le Liban entre 1975 et 1990, le Hezbollah a rejoint pour la première fois le gouvernement, après les élections législatives de 2005.
Une légitimité politique
De fait, il est aussi jugé responsable du marasme dans lequel le pays est plongé depuis plusieurs années. La crise économique est telle, que l’on ne peut plus masquer les énormes problèmes de corruption. La colère gronde et des révoltes ont éclaté. On pourrait presque imaginer, que les gouvernants, ont vu avec un peu de soulagement le coronavirus et sa cohorte de confinement, se mettre en place. Cependant, cela ne constitue qu’une pause, et le fond du problème reste là. Les explosions de ces derniers jours le rappellent cruellement. Le gouvernement est critiqué, et à travers lui, le Hezbollah dont l’influence politique est très grande.
Finis la grâce et l’irresponsabilité de l’opposition, le Hezbollah a une position prédominante dans le pays face aux autres Partis. Il possède encore sa section paramilitaire, il profite d’un réseau international, et le soutien financier que lui apporte l’Iran. Cette position le rend comptable de la gestion du pays. Ces dernières années, le Hezbollah a même dû intervenir pour s’opposer au mouvement de contestation né à la fin de l’année 2019. Ils ont alors perdu l’aura chez ceux qui partageaient l’idéologie de la résistance, dont il était le bras actif et armé.
Au niveau international, les intérêts du mouvement d’abord
Au niveau international aussi, l’image se noircit depuis 2006. Pourtant, le Hezbollah avait gagné en popularité quand Israël a retiré ses troupes. Cependant, son soutien à Bachar al-Assad dans la guerre civile Syrienne pour officiellement contrer Daesch, n’a pas complètement convaincu. D’ailleurs, l’ensemble du gouvernement a eu une attitude globalement plus distante. Là aussi, la participation aux affaires du pays, met en lumière un mouvement un peu trop impliqué dans une vision simpliste et manichéenne. Il se veut l’ami de la Syrie et de l’Iran pour protéger le Moyen-Orient, d’une coalition formée par les États-Unis, l’Arabie Saoudite et Israël. Une vision, qui pour de nombreux observateurs, ne rend pas forcément service au Liban en priorité, et qui ménage d’abord les alliances du mouvement avec ses alliés historiques.
Crédit photo : james rathmell