Si la situation mirobolante de certains footballeurs semble les placer sur une autre planète, pour d’autres, la réalité s’impose de manière implacable. Pour de nombreux jeunes de pays défavorisés, la possibilité de s’en sortir grâce au ballon rond est un véritable miroir aux alouettes. Pour d’autres, leur talent n’efface pas les contraintes géopolitiques. C’est le cas de l’avant-centre nord coréens Han Kwang-song. Celui-ci paye la situation très particulière de son pays. Il a été l’auteur du premier but d’un footballeur né en Corée du Nord dans toute l’histoire du championnat transalpin. Hélas depuis il est obligé de revenir jouer dans son pays d’origine.
Un footballeur pas comme les autres
Nous quittons le monde des stars et Han Kwang-song n’est pas le meilleur attaquant européen, c’est seulement un bon joueur de championnat italien. Cette position est déjà enviée par bons nombres de footballeurs du dimanche et autres apprentis goléadors. Cela faisait jusque ici aussi la joie de l’attaquant du Cagliari Calcio.
Hélas, historiquement, derrière le sport se cache souvent la politique. Celle-ci vient de rattraper Kwang-song. C’est une victime collatérale des sanctions de l’ONU prises envers la Corée du Nord en 2017. Ces ennuis diplomatiques, ont commencé avec l’essai nucléaire par son pays du 3 septembre 2017. En réplique à cela, le Conseil de Sécurité des Nations Unies a pris des mesures. Le paragraphe 8 de la résolution 2397 est clair pour son cas. Les Etats doivent rapatrier en Corée du Nord « tous les ressortissants de ce pays qui perçoivent des revenus sur un territoire relevant de leur juridiction ». Résultat, Han Kwang-song ne peut plus exercer son activité professionnelle en dehors de son pays d’origine.
Un transfert qui déclenche tout
Le football, comme passerelle entre l’Italie et la Corée du Nord, remonte a la coupe du monde 1966. Sa victoire retentissante face à la Squadra Azzura, a finalement crée un lien sportif entre les 2 pays. Han Kwang-song n’a pas été gêné dans son activité tout de suite. Il est d’abord resté dans l’ombre de la réserve du club transalpin. Cependant, son transfert de la Juve vers l’Al-Duhail SC a tout déclenché. Chacun a renvoyé la responsabilité sur l’autre. Pas vraiment très classe, la Juve semble bien contente de refiler le problème au club nouveau club qatari, de l’attaquant Coréen.
Italie et Corée du Nord unie par le foot
À 22 ans, Han Kwang-song doit suspendre sa carrière professionnelle. En cela, rien de plus ou de moins que ce dont il arrive a d’autres coréens bien moins chanceux que notre footballeur. Nombreux sont ceux qui furent des résidents forcés en Chine, Russie, Pologne ou Italie. Ils travaillent pour maintenir leur famille en vie. Un moyen pour la Corée du Nord d’empocher 1,7 milliards d’euros tous les ans grâce aux revenus de ses ressortissants. L’ONU a estimé en 2016, à plus de 50 000 le nombre de travailleurs nord-coréens répartis à travers quarante pays différents.
Un retour au pays impossible
Pour Han Kwang-song, c’est l’impasse. La seule solution légale consiste à repartir jouer en DPR Korea Premier League. C’est un championnat national ou s’affronte douze équipes dans des conditions souvent très complexes ou se mêle la lutte de pouvoir et « fait du prince ». Au delà du sport l‘avenir du jeune homme peut apparaitre bien sombre si le pouvoir voit en lui un Nord-coréen qui fuit le régime en place et n’a rien fait pour rentrer chez lui.
Crédit photo : micha brandli